ActualitĂ© Maroc: PĂȘche : 2008, annĂ©e de la « bonne gouvernance » !
PostĂ© par: Visiteursur 07-01-2008 22:58:53 2020 lectures Ăa bouge au sein du dĂ©partement des pĂȘches maritimes, mais dans quel sens ?LâannĂ©e 2007 aurait Ă©tĂ© celle de tous les remous.
A citer Ă cet Ă©gard un rapport dâune commission dâenquĂȘte sur les dysfonctionnements relevĂ©s dans le port dâAgadir : saisies de containers de poulpes pĂȘchĂ©s pendant lâarrĂȘt biologique ; des saisies de plusieurs tonnes de juvĂ©niles du tant convoitĂ© cĂ©phalopode dans le mĂȘme port dâAgadir ; dĂ©couverte encore de poulpe frais saisi dans un frigo de Dakhla avec de vrais-faux documents des autoritĂ©s du port de LaĂąyoune alors que pĂȘchĂ© Ă Dakhla lors de lâarrĂȘt biologique... Et on en passe.
Tout cela Ă la veille de la reprise des marĂ©es pour la pĂȘche poulpiĂšre intervenue le 1er janvier 2008 Ă zĂ©ro heure.
LâannĂ©e 2008 a commencĂ© donc par plusieurs « Ă©vĂ©nements » liĂ©s au secteur dont la fin du repos biologique pour la pĂȘche cĂ©phalopodiĂšre, les mesures « disciplinaires » Ă lâencontre de cadres du dĂ©partement des pĂȘches du port dâAgadir et la dĂ©cision n° 18/07 du 18/12/2007 qui fixe les conditions de la reprise de la pĂȘche poulpiĂšre en janvier 2008 et tout dâabord le rapport de la commission dâenquĂȘte, qui a inspirĂ© la dĂ©cision de mutation de certains cadres du dĂ©partement affectĂ©s au port dâAgadir.
Sans verser dans les dĂ©tails, il est nĂ©cessaire de signaler que le rapport dâenquĂȘte affirme que la « mission intervient pour appuyer le nouveau dĂ©lĂ©guĂ© dans ses efforts de mise Ă niveau de la gestion des affaires de la dĂ©lĂ©gation et pour vĂ©rifier le bien fondĂ© de rumeurs qui mettent en cause certains responsables et agents de cette entitĂ© ».
La mission ajoute dans son rapport que « les vĂ©rifications dans les dossiers gĂ©rĂ©s par la cellule chargĂ©e des affaires administratives ont rĂ©vĂ©lĂ© cinq constats majeurs ». Entre autres le recrutement de « stagiaires de sexe fĂ©minin par le chef de service des pĂȘches... » au mĂ©pris de toute rĂ©glementation en la matiĂšre... et « lâencaissement de fonds destinĂ©s Ă la restauration des membres de la commission chargĂ©e du contrĂŽle des dĂ©barquements des cĂ©phalopodiers congĂ©leurs ».
La commission confirme que « le dĂ©nonciateur (de ces irrĂ©gularitĂ©s) est le dĂ©lĂ©guĂ© des pĂȘches maritimes dâAgadir... ».
Or, la premiĂšre mesure prise par le dĂ©partement des pĂȘches maritimes a Ă©tĂ© la mutation du dĂ©lĂ©guĂ© des pĂȘches dâAgadir vers le port de Tanger. Au mĂȘme titre que le chef de service des pĂȘches maritimes que le rapport dĂ©signe comme le principal responsable des irrĂ©gularitĂ©s constatĂ©es par la commission dâenquĂȘte.
Sâil sâagissait de sanction, on est en droit de sâinterroger sur quels critĂšres le ministĂšre sâest appuyĂ© pour sanctionner sur le mĂȘme plateau de la balance et lâaccusateur et lâaccusĂ©.
Selon « des sources proches du ministĂšre de lâAgriculture et des PĂȘches, citĂ©es par un quotidien de Casablanca dans son Ă©dition du jeudi 3 courant, la dĂ©cision serait intervenue pour mettre fin aux dysfonctionnements dont souffrait la dĂ©lĂ©gation rĂ©gionale... ».
En fait, « une action de bonne gouvernance »...
Deux autres questions sâimposent.
Pourquoi se contenter de mutation pour un cadre qui sâest avĂ©rĂ© avoir commis de graves irrĂ©gularitĂ©s et pourquoi mettre dans la mĂȘme charrette le dĂ©lĂ©guĂ© qui a dĂ©noncĂ© ses irrĂ©gularitĂ©s ?.
Quel forfait aurait commis ce dernier si ce nâest de dĂ©noncer le dysfonctionnement ?
Lâexplication nous vient de cette source proche du ministre, par le biais du quotidien casablancais, qui soutient quâ « au-delĂ de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, le fait quâun cadre reste trop longtemps dans la mĂȘme dĂ©lĂ©gation rĂ©gionale est une dĂ©marche qui nâest pas dans lâintĂ©rĂȘt du cadre lui-mĂȘme ».
On passe sur « lâau-delĂ de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral » puisquâon ne voit pas ce qui peut primer sur lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Et on sâarrĂȘte sur le « trop longtemps... ».
Le dĂ©lĂ©guĂ© du port dâAgadir est restĂ© en poste de septembre 2006 Ă sa mutation en dĂ©cembre 2007 ; en une si courte pĂ©riode, il a dĂ©noncĂ© tant dâirrĂ©gularitĂ©s au sein de la dĂ©lĂ©gation. Peut-ĂȘtre est-ce son seul tort est quâil aurait fallu quâil garde le silence, pour la « bonne gouvernance du secteur ».
La reprise de la pĂȘche poulpiĂšre
« ConformĂ©ment aux dispositions du plan dâamĂ©nagement de la pĂȘche poulpiĂšre du 12 avril 2004 »... Câest par ces termes que commence la dĂ©cision qui fixe les conditions de la reprise de la pĂȘche poulpiĂšre en janvier 2008.
Or, la dĂ©cision n° 18/07 du 18/12/2007 ne se contente pas seulement de transgresser la matrice dâavril 2004, mais elle transgresse aussi lâarticle 15 du dahir portant loi n° 1-73 - 255 du 23 novembre 1973 relatif Ă la rĂ©glementation de la pĂȘche maritime.
Ce dahir, dans son article 15, stipule : « Les filets traĂźnants des deux catĂ©gories dans la plus diagonale de la plus petite maille dâune partie quelconque aura moins de 70 millimĂštres, maille Ă©tirĂ©e, les filets Ă©tant mouillĂ©s, sont prohibĂ©s ».
ConformĂ©ment au dahir sus-mentionnĂ©, la matrice de 2004 avait fixĂ© le maillage des poches des filets Ă 70 mm, et ce, pour les segments cĂŽtier et hauturier de la pĂȘche cĂ©phalopodiĂšre.
Or, la dĂ©cision du 18 dĂ©cembre 2007, signĂ©e par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du dĂ©partement des pĂȘches maritimes, offre une fleur Ă la pĂȘche cĂŽtiĂšre en les autorisant Ă utiliser un maillage de 60 mm. Lâarticle 12 de la dĂ©cision stipule que « le maillage minimal des sacs de chaluts autorisĂ© pour les navires de la pĂȘche cĂŽtiĂšre opĂ©rant au Sud de Boujdour est fixĂ©, Ă titre dĂ©rogatoire, Ă 60 mm.
Dâautre part, alors que la matrice dâavril 2004 limitait la flotte cĂŽtiĂšre pĂȘchant le poulpe Ă 100 navires, rĂ©pertoriĂ©s nominativement par le dĂ©partement de tutelle, la dĂ©cision 18/07 ouvre les pĂȘcheries poulpiĂšres de la zone Sud Ă toute la flotte cĂŽtiĂšre par armada de 150 navires.
Tout cela au nom de la « bonne gouvernance » ?
L'Opinion