Société: Derb sultan : Les cosmétiques prisés par la contrebande : Les services de contrôle ont du mal à enrayer ce commerce parallèle

Posté par: Visiteursur 08-01-2008 20:56:40 1590 lectures Après les tissus, habits et produits alimentaires, la dernière tendance de la contrebande sur les marchés casablancais est actuellement aux produits cosmétiques.

En effet, dans une petite ruelle de Derb Soltane, des milliers de clients défilent chaque jour devant les étalages de lotions, lait, savons, soins du corps et du visage, ainsi que de palettes de maquillage au choix. A partir des produits signés Yves Saint-Laurent ou Christian Dior jusqu'aux articles de Garnier ou Avon, ici, tout le monde trouve ce qu'il recherche sans avoir à se déplacer à Milan, Paris ou même aux parfumeries de la métropole. L'ensemble des produits affichés sur les chaînes satellitaires y sont étalés avec grand soin.


Cependant, ces imitations écoulées à des prix défiant toute concurrence ne constituent pas pour autant une si bonne affaire. Ce commerce pour le moins douteux, et qui devrait être sérieusement contrôlé, menace la santé des consommateurs. «L'utilisation des produits cosmétiques périmés ou de contrebande peut causer l'apparition de boutons, de squames ainsi que de taches sur la peau», explique un dermatologue. Et d'ajouter que ce genre de produits, d'où toute notice est absente, déclenche les allergies et le dessèchement de la peau.

Toutefois, certains commerçants persistent à dire que les produits de contrebande font la vedette des étalages de Derb Soltane. Selon certains, ces produits venus de Sebta et de Melilia sont très prisés par le consommateur.

L'aspect bon marché constitue en effet l'argument de vente incontournable des commerçants. «Les gens à faible revenu ne prennent pas en considération la qualité encore moins les dates de péremption des produits. Pour des raisons on ne peut plus commpréhensibles, seul le prix de vente compte pour eux», nous a affirmé un vendeur de produits cosmétiques. «Je n'utilise que les shampoings importés de Turquie ou d'Espagne. Ils sont plus consistants en produits naturels et donc plus efficaces», nous fait savoir d'un air confiant cette jeune habitante de la cité blanche.

Et d'ajouter, un tantinet air de rien, que même périmés, les détergents et produits de beauté ne sont pas aussi fatals que les produits alimentaires.

«Faux», répond un dermatologue consulté sur le sujet. «L'utilisation d'un produit chimique périmé peut être parfois plus grave que la consommation d'un mauvais aliment.

Ceci peut avoir des conséquences néfastes sur une longue durée, tel que la chute des cheveux ou l'allergie dermatologique», affirme-t-il.

Face à cette déferlante, les services de répression des fraudes tentent tant bien que mal de renforcer les contrôles. L'approche coup de poing dissuasif, en somme. Seulement voilà, le manque d'effectifs et de moyens font parfois défaut.

Il n'en demeure pas moins qu'en dépit de cette carence, les services de contrôle essaient de vérifier les dates limites des produits mis en vente. Ils prélèvent des échantillons des produits douteux qu'ils soumettent à l'analyse dans les laboratoires appropriés.

Il s'agit d'un travail de surveillance qui serait à même de permettre aux services d'avoir une vue d'ensemble sur la situation du marché, ainsi que sur les produits qui y circulent.

Les services de répression des fraudes, lors de leurs rondes de contrôle, suivent une procédure spéciale.

Ainsi, si une commission de contrôle doute, lors de l'une de ses visites sur le terrain, de la qualité d'un produit, elle effectue alors des prélèvements sur ce produit et bloque sa commercialisation en attendant les résultats des analyses.

Dans le cas où ce doute se confirme et que ledit produit est jugé non conforme, les services se chargent alors de sa saisie et de sa destruction. Et ce n'est pas tout.

Le dossier du commerçant concerné est alors transmis au tribunal.
Néanmoins, l'action de ces services n'est pas uniquement répressive. Les responsables veillent en effet à faire évoluer leur stratégie. Ils insistent également sur la sensibilisation des citoyens.

Les responsables de la métropole ont aussi mis à la disposition des consommateurs des numéros téléphoniques afin de pouvoir réagir face aux agissements qui leurs paraissent frauduleux. Il s'agit de cellules de permanence qui veillent à accueillir les plaintes et réclamations des Casablancais. Les consommateurs n'ont plus qu'à se manifester en appelant le service de contrôle de leur préfecture.

Suite à leur appel, un comité des services du contrôle économique se déplacera sur place pour contrôle et prendra les mesures nécessaires.

Autant d'actions fort estimables, mais qui ne répriment malheureusement pas entièrement ce commerce douteux qui met sérieusement en péril la santé des consommateurs.

Trafic clandestin

Plus de 30.000 personnes traversent quotidiennement le poste frontalier de Fnideq pour se rendre à Sebta et plus de 50.000 personnes se rendent à Melilia pour s'approvisionner en produits espagnols et asiatiques qui seront écoulés, dans un premier temps, dans les villes limitrophes de Tétouan et de Nador avant d'être acheminés vers les autres marchés marocains.

Au poste frontière de Sebta et de Melilia on assiste, de jour comme de nuit, à un va- et-vient incessant de ces milliers d'hommes, de femmes, à pied ou motorisés pour pouvoir emprunter les pistes difficiles loin de postes de douane marocaine. Les produits de la contrebande, qui alimentent le marché marocain, sont souvent diversifiés et de qualité médiocre. On y trouve du tout et pour tous les budgets.

Les produits alimentaires sont de qualité douteuse. On y trouve, entre autres, le tabac, la margarine, l'huile, le miel, le fromage, la charcuterie avec la fameuse et ravageuse mortadelle, les produits laitiers et dérivés, la confiserie, la biscuiterie, sans oublier le chocolat aux amandes de marque Maruja et les produits pharmaceutiques dont personne ne connaît la composition...

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