Sport: CAN-2008 : des buts, du spectacle, mais quelques couacs

Posté par: Visiteursur 12-02-2008 23:59:31 2042 lectures La Coupe d'Afrique (CAN-2008) remportée dimanche par l'Egypte, d'assez loin la meilleure équipe du tournoi, a enthousiasmé les spectateurs pour son jeu ouvert et ses 99 buts (record), mais a aussi laissé voir beaucoup d'erreurs techniques et un manque de maturité tactique.

Un football enthousiaste...

Si Rigobert Song s'était racheté de son erreur sur le but égyptien en cadrant sa tête dans les derniers instants de la finale, il aurait signé le 100e but de la CAN ghanéenne, la plus prolifique de l'histoire en chiffres bruts. La moyenne de buts (3,1 par match) est également la plus élevée depuis la CAN-1976, époque d'un football bien moins verrouillé qu'aujourd'hui.


Quelques beaux buts ont d'ailleurs récompensé l'audace des frappeurs, comme l'Angolais Manucho et son but de 30 m contre l'Egypte (1-2) ou la lucarne de Mohamed Zidan contre le Cameroun au début de la CAN, élu plus beau but du tournoi, ou l'insolence des dribbleurs, à l'image de celui de Salomon Kalou contre la défense nigériane (1-0, 1er tour).

Les Africains jouent souvent un football plus fantaisiste en sélection qu'en club, comme Pascal Feindouno, plus dribbleur et allumeur avec la Guinée qu'avec Saint-Etienne. En Coupe d'Afrique, les foules saluent bruyamment les "gris-gris" des solistes du dribble et les joueurs savent comment les régaler. Ils l'osent beaucoup plus rarement dans le football très discipliné d'Europe.

Le Camerounais Geremi Njitap, qui participait à sa sixième CAN, a jugé que l'édition 2008 était "une des plus belles, comparée à mes premières, ce qui signifie que le niveau augmente. Des joueurs de très haut niveau y ont participé, qui jouent dans les plus grands clubs du monde et qui sont très impliqués en Afrique".

Mais certains scores doivent pourtant plus à la faiblesse des défenses qu'à telle ou telle école de jeu offensif. La Zambie a donné trois buts au Cameroun, contribuant largement à sa large défaite (5-1).

... mais approximatif

Les rencontres débridées et leur avalanche de buts n'ont pas réussi à masquer le niveau technique par moments très médiocre constaté lors de cette CAN. Passes manquées, contrôles approximatifs, tirs dévissés: l'amateur de football n'a pas été totalement gâté tout au long de la compétition.

L'état déplorable de certaines pelouses (le "champ de patates" du stade d'Accra en particulier) a été pointé du doigt, notamment par le sélectionneur du pays hôte, Claude Le Roy.

D'autres comme l'entraîneur du Cameroun, Otto Pfister, ont mis en avant des préparations tronquées par l'arrivée tardive de leurs vedettes dispersées aux quatre coins de l'Europe. Samuel Eto'o, l'attaquant du FC Barcelone, n'a ainsi rejoint les Lions indomptables qu'une semaine avant le début de la CAN juste après un match de Liga contre Murcie, le 12 janvier.

Les clubs ont en général rechigné jusqu'au bout à libérer leurs joueurs au-delà de 14 jours précédant le premier match du tournoi, le délai minimum prévu par le règlement de la Fédération internationale de football (Fifa).

L'Egypte, victorieuse pour la deuxième fois d'affilée avec un groupe composé de joueurs évoluant essentiellement dans le championnat local, en est le contre-exemple parfait et souligne la nécessité pour l'Afrique de se doter de compétitions nationales structurées.

L'écart abyssal entre les grandes nations et les plus petites (exemple: Bénin, Soudan) peut également expliquer les scores fleuves enregistrés dans les enceintes ghanéennes.

AFP