Actualité Agadir et région: Taghazout : Sueurs froides pour un projet chancelant

Posté par: Visiteursur 08-05-2008 02:58:05 2579 lectures Depuis déjà quelque temps, on a procédé au lancement de la nouvelle station balnéaire de Taghazout, à une quinzaine de kilomètres d'Agadir. Une réalisation grandiose qui permettrait la mise en fonction de plus que la capacité d'accueil touristique de haut standing existant dans la capitale du Souss, soit au total des deux stations plus de 50.000 lits environ.

Le principal aménageur développeur, le Resort Colony Capital, à charge de ce projet qui s'insère dans le plan Azur, mis en place par le ministère de tutelle il y a une décennie, a entamé les travaux de cette édification, selon un cahier des charges convenu au préalable aux termes duquel l'opération suivrait des dispositions claires, en particulier l'échéancier temporel à respecter. Fort affecté par la mauvaise tournure du projet, le gouvernement prit toutes les précautions afin que cette nouvelle expérience ne tombe pas à l'eau.


La cérémonie de lancement à laquelle ont pris part l'ex ministre du tourisme, Adil Diouri, les responsables de la SONABA, les aménageurs développeurs et un parterre de responsables locaux emplissait les esprits d'enthousiasme et de fierté.

Dans le temps, on a déploré quand même l'absence de quelques intervenants de marque, pour des raisons qu'on ignorait. Il n’empêche que le projet s'installe et promet beaucoup, surtout que les constructeurs affichaient une réelle volonté d'édifier cette station dans les normes, tout en portant un intérêt à son entourage environnemental en favorisant le recrutement du personnel parmi les jeunes des localités avoisinantes, après les avoir formés pendant l'exécution des chantiers. Une conférence de presse a été accordée aux représentants des médias nationaux et étrangers sur les lieux du site, au cours de laquelle des précisions d'ordre institutionnel, technique et promotionnel ont été prodiguées à l'assistance.

En dépit des réserves émises, particulièrement par les instances élues des communes de Taghazout et d'Aourir, selon lesquelles le projet d'envergure a été concerté et décidé sans leur implication ni leur consultation, l'opération s'amorçait, il y a plus de deux ans en plaçant sur les lieux des bureaux et des domiciles pour les chefs de travaux. Cependant, d'aucuns constateraient la lenteur avec laquelle les travaux avançaient. Etant donné le gigantisme du projet qui ferait naître des édifices hôteliers similaires à ce qu'on a cumulé durant quarante ans à Agadir, on s'attendait à une cadence de manœuvre beaucoup plus soutenue et à l'usage de logistiques et d'engins bien plus sophistiqués et performants. L'état actuel des chantiers et tout le matériel très modeste mis à l'oeuvre laissent croire qu'on est en train de rééditer le spectre d'antan. On a vraiment l'impression que cela coince quelque part et l'impulsion entretenue laisse à désirer. Allons-nous droit vers un fléchissement de l'opération sur laquelle s'appuie toute une dynamique touristique régionale et nationale promue à de meilleurs lendemains ? Sommes-nous en face d'un autre désengagement qui jetterait par la fenêtre tout un effort consenti, en plus du temps qu'il a fallu pour faire aboutir une opération de cette ampleur ? A voir les vacillements que connaissent les unités identiques du plan Azur, notamment celle du nord avec Fadesa, on est plutôt tenté d'avancer que la station Taghazout flancherait, au grand malheur d'une entreprise fort prometteuse. Il est donc impératif de déclencher d'urgence, le lâché des bouées de sauvetage pour une opération qui semble bien s'émousser après un tintamarre strident d'il y a presque un an et demi. Devant cette désinvolture, on craint bien que le projet à caractère socioéconomique ne tome entre les mains des spéculateurs qui sont toujours à l'affût d'une aubaine juteuse, comme Agadir et banlieue en sont ponctuellement les proies idéales. En effet, Agadir ne devrait être plus victime d'une mascarade spéculative au niveau des opérations de haute de gamme élaborées et mises en application par notre pays, dans le cadre de la politique des grands travaux dont l'industrie touristique s'avère la plaque tournante. L'Etat se doit alors d'intervenir énergiquement pour préserver son patrimoine naturel, veiller au bon cheminement de ses concessions foncières et suivre de près les projets qui s'y édifient. Tout détournement devrait être dénoncé, rectifié au temps opportun et mettre fin aux malfaçons de ses auteurs. La station touristique de Taghazout serait, sans doute, en passe de connaître le mauvais sort de ses antécédents et il est loisible d'y intervenir pour redynamiser un projet tant attendu. Il est bien clair qu'on a fait du bon boulot au niveau des services de la Société nationale de l'aménagement de la baie d'Agadir dans le sens du déblayage du terrain, de la préparation des dossiers inhérents à l'exploitation du site et du lancement de l'opération. Toutefois, tous ces efforts louables ne doivent nullement s'envoler en l'air, parce qu'il y a après tentatives suspectes. Prudence !

Saoudi El Amalki
Al Bayane