Santé: Cancer : Un Sommet mondial démarre mercredi, La rencontre se propose de promouvoir le développement des plans nationaux de lutte contre la pandémie

Posté par: Visiteursur 24-08-2008 22:34:47 1244 lectures La fréquence des cancers pourrait encore augmenter de 50% et il y aurait alors 15 millions de nouveaux cas par an en 2020, selon le World Cancer Report, l'examen le plus complet à ce jour de la situation.

Aujourd'hui, le cancer est une des principales causes de décès dans le monde et le nombre de cas augmente. Et c'est pour faire le point sur la situation de cette maladie chronique dans le monde que l'Union internationale contre le cancer annonce l'organisation du sommet mondial sur le cancer.


Cette rencontre qui se tiendra à Genève, du 27 au 31 août, regroupera des chercheurs et des praticiens de haut niveau, des experts de la santé publique, des décideurs politiques et des représentants des secteurs public et privé. Ces derniers vont débattre des moyens susceptibles de réduire le taux de mortalité et le poids de cette maladie dans le monde, en particulier dans les pays en voie de développement. Selon les organisateurs, les travaux de ce sommet s'articuleront autour de cinq principaux axes : la prévention et le contrôle, la gestion du tabagisme (responsable de plus de 80% des cancers du poumon chez les hommes et 45% chez les femmes), la recherche et les traitements, les soins palliatifs et le soutien aux patients et ressources (rôle des associations, ONG, ligues contre le cancer).

Le sommet se propose de promouvoir le développement des plans nationaux de lutte contre le cancer et des partenariats nord-sud. La rencontre donnera en outre lieu à la présentation des résultats d'une étude globale sur la prévention du cancer et la réduction du risque telles qu'elles sont perçues dans plus de 30 pays (connaissances, attitudes, idées préconçues, etc.).

Au Maroc, peu de données existent sur la situation épidémiologique actuelle. En effet, seule la région du Grand Casablanca compte un registre des cancers. Un document qui regroupe les statistiques sur le nombre des malades. Concernant la situation à l'échelle nationale, le cancer du sein vient en première position, suivi par le cancer du col. Le cancer du poumon arrive à la troisième position.

Selon une étude réalisée par le Centre d'oncologie Ibn Rochd à Casablanca, de nombreux malades sont concentrés dans les grands pôles urbains. Ainsi, 78% des malades vivent à Casablanca. Les villes d'Agadir et de Marrakech sont deuxièmes ex æquo avec 8% des cas. Taza et Khénifra ferment la marche avec le même nombre des malades établi à 0,7%. Ces chiffres reflètent bien la difficulté pour un bon nombre de citoyens d'accéder aux soins. Seuls les malades «citadins» sont diagnostiqués à temps.

Globalement, le Royaume ne déroge pas à la règle par rapport au reste du monde. Le nombre des cas de cancer poursuit son trend haussier. Des experts internationaux ont même prévu une augmentation de 45% du nombre de décès par cancer dans le monde entre 2007 et 2030 (de 7,9 à 11,5 millions), en partie à cause de l'accroissement et du vieillissement de la population. Cette estimation tient compte de la légère baisse attendue pour certains types de cancers dans les pays à revenu élevé. On prévoit aussi que le nombre de nouveaux cas passera de 11,3 millions en 2007 à 15,5 millions en 2030.

Dans la plupart des pays développés, le cancer est la deuxième cause de décès après les maladies cardio-vasculaires et l'évolution épidémiologique va dans le même sens dans les pays en développement, en particulier dans les pays «en transition» ou à revenu intermédiaire comme ceux d'Amérique du Sud
et d'Asie. Plus de la moitié des cas de cancer surviennent déjà dans des pays en développement.

Parmi les différents types, c'est le cancer du poumon qui provoque le plus de décès et cette tendance devrait se maintenir jusqu'en 2030 à moins d'une intensification considérable des efforts de lutte antitabac. Certains comme le cancer de la prostate, du sein ou du côlon sont plus courants dans les pays développés, alors que ceux du foie, de l'estomac et du col de l'utérus touchent davantage les pays en développement.

Un lien a été établi entre l'apparition du cancer et un certain nombre de facteurs de risque : mode de vie malsain (consommation de tabac et d'alcool, alimentation inadéquate, sédentarité), exposition à des substances cancérogènes au travail (par exemple l'amiante) ou dans l'environnement (par exemple ultraviolets et rayonnements ionisants) et certaines infections (hépatite B, infection par le papillomavirus humain).

Le cancer pulmonaire est le plus fréquent dans le monde avec 1,2 million de nouveaux cas par an. On trouve ensuite le cancer du sein, avec un peu plus d'un million de cas, le cancer du côlon ou du rectum (940.000 cas), de l'estomac (870.000), du foie (560.000), du col de l'utérus (470.000), de l'œsophage (410.000). Les trois formes de cancer les plus mortelles sont aussi les plus courantes.

Le cancer pulmonaire est responsable de 17,8% des décès par cancer, le cancer de l'estomac (10,4%) et le cancer du foie (8,8%).

Malgré les progrès scientifiques, les traitements anticancéreux montrent certaines limites. La prévention est le meilleur moyen pour réduire les taux d'incidence partout dans le monde.

Facteurs de risque

Selon l'OMS, les facteurs de risque essentiels que l'on peut éviter sont d'abord le tabagisme qui est à l'origine de 1,8 million de décès annuels par cancer (dont 60% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire) et l'excès pondéral, l'obésité et la sédentarité responsables de 274.000 décès annuels par cancer.

L'abus de l'alcool est également à l'origine de 351.000 décès annuels par cancer ainsi que les substances cancérogènes dans l'environnement qui sont, elles, à l'origine d'au moins 152.000 décès annuels par cancer. Enfin, la transmission sexuelle de l'infection par le papillomavirus humain est l'un des facteurs méconnus par la grande majorité des personnes. Elle est, en effet, responsable de 235.000 décès annuels par cancer.

Selon les statistiques de l'Organisation onusienne, jusqu'à 23% des affections malignes sont provoquées par des agents infectieux dans les pays en développement, dont les virus des hépatites B et C (cancer hépatique), les papillomavirus humains (cancers du col, de la région anale et de l'appareil génital) et Helicobacter pylori (cancer de l'estomac). Dans les pays développés, les cancers provoqués par les infections chroniques ne représentent qu'environ 8% des affections malignes.

Mohamed Badrane
LE MATIN