Actualité Agadir et région: De la discrimination culturelle

Posté par: Visiteursur 17-05-2007 21:54:51 1908 lectures Une fois par an, le monde entier célébre cet art noble qu’est la poésie.
Contrairement à un cliché répandu, la poésie n’est pas, ou n’est plus ce parent pauvre de la littérature tant plaint. Des sources éditoriales nous indiquent qu’au Maroc on aime la poésie et que les ventes ne sont pas si désastreuses qu’on puisse croire.


Mais si des citoyens "normaux" s’entichent des recueils de vers, certains professionnels de la profession (dixit Godard) ne semblent pas porter dans leur coeur -ou disons dans leur porte-feuille- ce genre littéraire, qui a en fait de tout temps existé. Un exemple tout à fait édifiant nous vient de la ville d’Agadir. Récemment, la faculté des lettres de la ville touristique a organisé une grande journée dédiée à la poésie, où fut conviée la crème des versificateurs marocains, à l’image de Abdellatif Laâbi ou Mohamed Loakira.


L’idée était, outre la déclamation de textes par leurs auteurs, aussi une rencontre bilatérale entre poètes et avec le public et les étudiants gadiris. Un grand éditeur de la Capitale a, à cette occasion, cru en l’opportunité de mettre en dépôt le fruit poétique de ses éditions chez les libraires de la ville afin que les lecteurs puissent acquérir les recueils des auteurs se trouvant sur place. Et bien, aucun libraire d’Agadir n’a voulu accepter cette offre, car ils sont convaincus que ce genre n’est pas une marchandise porteuse ! comme s’il fallait un sacré courage pour déposer de la poésie dans ses vitrines, sans doute juste bonnes pour honorer les Harry Potter ou autres auteurs à succés américains dorés.

Cette attitude honteuse n’augure rien de bon pour la floraison de l’édition marocaine et ne pourrait encourager des jeunes entrepreneurs à investir dans ce secteur qui, portant, a évolué et brisé quelques clichés qui lui ont longtemps collé à la peau. Cette discrimination culturelle n’a rien à faire dans une société moderne et civilisée. En serait-on appelé à éduquer les professionnels du livre et les convaincre du constat que la littérature est un tout et qu’on ne saurait l’amputer d’un membre ?

Source : L'Opinion