Culture & Divertissement: « Kharboucha » renaît de ses cendres

Posté par: Visiteursur 17-12-2008 22:42:35 2184 lectures Chaud émotionnellement, prenant socialement et brillant techniquement, "Kharboucha ou Ma Ydoum Hal", en compétition au festival national du film de Tanger, est tout simplement un film excellent dans sa construction et son interprétation. A la fin du film on a du mal à quitter notre siège tant le fluide transmis est fort.

Le film relate l'histoire du mythe de Kharboucha, une belle chanteuse et poétesse réputée par son inégalable voix sépulcrale et ses chansons engagées... Cela se passe à la fin du 19ème siècle, dans une tribu, qui connaissait la sérénité et la quiétude, appelée « Oulad Zayd », dans la région de Abda


Kharboucha dans ses satires condamnait les tyrans et la barbarie du régime oppresseur qui régnait dans le temps : ce qu’on appelait les années de la « Siba » (elle semble persister).

De l’autre côté de la région, une autre tribu appelée « Tamra » connaît une vie insipide sous le joug et l’oppression de l’épouvantable Caïd « Aïsa Tamri ». Ce dernier s’empare de Kharboucha qui ne lui cède pas ce qui entrainera la mort de la fameuse chanteuse.

Ce qui ressort en premier, c'est évidemment cette performance colossale de la jeune artiste Houda Sedki, qui personnifie Kharboucha à la voix envoutante qui chantait sans cesse pour exprimer sa révolte.

Les décors, fort impressionnants, contribuent beaucoup à cet effet de réalisme cruellement nécessaire. En plus des décors naturels criant de vérité entre El Jadida et Safi ou encore dans la kasbah de Settat, le tournage de ce film a suscité un travail de reconstitution énorme.

Le travail de la caméra pour l’installation de l'ambiance et l’adaptation du rythme aux revirements du scénario était plus que réussi. L’image est esthétiquement irréprochable et tout simplement rigoureuse.

Une manière de poétiser cette horrible histoire, quitte à l'adoucir à même d’éveiller chez le spectateur des émotions latentes.

Quant aux effets spéciaux et 3d du film, elles ont crée des colonages de troupes de guère et des illusions visuelles pour finalement donner un rendu dine des grands films historiques.

La musique, dans le film, occupe une place centrale. Le jeu musical et le contexte historique sont traités avec intelligence. Pas de violon et seul le « outar » accompagnait les chants.

Khadija Merkoum, sublime chanteuse à la voix d'or, a redonné vie au répertoire de chansons appartenant à Kharboucha, parmi celles-ci quelques-unes reconstituées ou complétées, et puis d’autres chansons de l’aïta spécialement composées pour le film.

Et là, Houda Sidki a présenté un rendu incroyable en playback sachant qu’elle est lauréate en 2003 du conservatoire de musique de Casablanca.

Cette page de l'histoire doit être tournée, certes, mais pas au prix de la négligence habituelle de la société amnésique. Rien que pour ça, le film mérite d'être vu.

Abderrahim Lakhail
MAP