Economie: N’est pas Walid qui veut !

Posté par: Visiteursur 16-06-2007 23:21:56 1591 lectures Entre un prince compatriote qui préfère placer 100 millions de dollars en Thaïlande et un prince saoudien qui investit au Maroc 120 millions d'euros, comme début, le choix est vite fait.

Deux informations d'apparence anodine, parues successivement dans le Journal hebdomadaire, en disent plus long qu'elles n'en ont l'air sur l'Ă©tat d'esprit actuel de Moulay Hicham.
La première, publiée à la suite de la nomination de Bernard Kouchner à la tête de la diplomatie française, nous annonce que «le prince [grand bien lui fasse] a l'oreille» du ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy. Elle assure au détour d'une phrase que ce dernier «devrait pouvoir compter sur les tuyaux de Moulay Hicham» dans le traitement de la question du Sahara. La seconde information est intervenue dans le sillage de la visite du prince Walid Ibn Talal. Sa décision d'investir 120 millions d'euros (1,3 milliard de dirhams) pour la construction d'un complexe touristique à Marrakech devrait réjouir. Mais, au lieu du ravissement espéré, on nous affirme péremptoirement que le prince saoudien, cinquième richesse du monde, « a longtemps hésité à investir au Maroc [à cause] de l'éloignement de la cour de son cousin marocain, le prince Moulay Hicham.»


Une façon pour notre prince de se rappeler à notre bon souvenir? Probablement. Mais aussi une manière de se justifier, lui qui s'est toujours targué d'une influence exceptionnelle sur son illustre cousin, de son absence de l'événement en laissant croire à qui voulait l'entendre qu'il était à l'étranger.

L'affaire aurait pu en rester au stade du burlesque si ces informations n'avaient été distillées pour insinuer que, par ses relations familiales, Moulay Hicham aurait fait mal et que, par ses affinités politiques avec Bernard Kouchner, il pourrait faire encore plus mal. Avec ça, le Maroc est censé trembler.

S'il est vrai que, pendant un moment, quelques journalistes autoproclamés politologues ont soutenu que le froid supposé entre Riyad et Rabat était dû en partie à la “solidarité” de la famille régnante saoudienne avec le cousin marocain, il y a lieu de noter que les visites répétées du Roi Abdellah Ibn Abdelaziz au Royaume ont fini par dissiper les doutes -on le comprend aujourd'hui- artificiellement entretenus jusque-là.

Le dernier déplacement en date que le monarque saoudien a effectué à Fès, prolongé par un long séjour privé, a été particulièrement significatif. Le don royal de 50 millions de dollars à l'Initiative nationale pour le Développement humain est certainement, comme l'a souligné la presse nationale, un geste de solidarité et d'affection. Mais il est aussi, et surtout, au grand dam de la presse algérienne, le témoignage de la confiance des amis saoudiens dans la constance des efforts marocains aussi bien dans la lutte contre les déséquilibres sociaux du pays que dans la poursuite des grands projets économiques structurants.

Ce n'est un secret pour personne, une longue tradition d'amitié agissante unit les monarchies marocaine et saoudienne et le Maroc garde en mémoire le soutien de Riyad pendant les durs moments du conflit du Sahara et n'oubliera pas ses efforts continus pour aplanir les difficultés entre Rabat et Alger. Cette amitié n'est pas, non plus, pour rien dans l'arrivée sur le marché national du prince Walid Ibn Talal. Mais pas seulement. Sans doute était-il jusque-là moins connu des Marocains que d'autres membres des Al Saoud, mais c'est un homme réputé pour être aussi pieux que moderniste.

La cinquantaine à peine, Walid Ibn Talal est un homme d'affaires aguerri qui, sans rien sacrifier de sa générosité légendaire, déclarait récemment sur la chaîne française M6, que le secret pour lui «c'est de savoir acheter au bon moment et au bon prix.» C'est probablement ce qu'il vient de réaliser, également au bon endroit, en s'engageant dans le développement touristique du Maroc.
Il serait d'ailleurs intéressant d'effectuer un parallèle entre lui et son cousin marocain. Autant Walid Ibn Talal s'implique aux côtés des pauvres de son pays, autant Moulay Hicham ne s'investit que dans les discours pompeux.

Et, à tout prendre, entre un prince compatriote qui préfère placer 100 millions de dollars en Thaïlande tout en encensant la monarchie de ce pays otage de son armée, et un prince saoudien qui fait confiance au Maroc en y investissant, comme début, 120 millions d'euros, le choix est vite fait.

Source : Maroc Hebdo