Economie: Transport des marchandises : Les dégâts collatéraux de la grève

Posté par: Visiteursur 10-04-2009 18:30:00 1325 lectures · Plusieurs usines de conserves de poissons à l’arrêt
· 20.000 postes d’emplois perdus par jour


«LA filière des produits de la mer est quasiment paralysée», dénonce Mohamed El Jamali, président de Union nationale des industries de la conserve des poissons (Unicop). En cause, la grève des transporteurs routiers qui a démarré lundi 6 avril. Du coup, toutes les opérations liées à la production et l’exportation des produits finis sont interrompues. «La mise à quai des marchandises tout comme l’approvisionnement des usines en matières premières relèvent du domaine de l’impossible», précise le chef de file des conserveurs de poissons. Conséquence, toutes les unités se situant au nord, à partir d’Agadir, se trouvent à l’arrêt. Car, l’essentiel de l’approvisionnement en sardines et autres poissons destinés à la transformation provient des provinces sahariennes. «C’est en effet, sur l’axe Dakhla/Agadir que les conditions d’acheminement des marchandises sont les plus difficiles», déplore pour sa part Younes Zrikem, directeur au groupe Azura.


Des menaces verbales et des actes de violence sont enregistrés. Par exemple, une bonne partie de la flotte du groupe a été bloquée par des piquets de grève. Jeudi dernier, quelque 25 camions chargés de tomates et de melons produits dans les fermes de la région de Dakhla ont été arrêtés au niveau de Goulmime. Mettant en péril plus de 400 tonnes de fruits. Et pour cause, il s’agit de camions frigorifiques qui devaient être déchargés dans des conteneurs et embarqués au port d’Agadir vendredi matin. C’est dire tout simplement le manque à gagner et les pertes encourues au titre des surestaries. Mais ce que redoutent le plus les professionnels, c’est le risque de perte de parts de marché dans le cas où ils n’honorent pas leurs engagements en termes de délai et de qualité des produits. Pour ces derniers, le manque à gagner au niveau de la production s’annonce considérable.
Depuis lundi, les usines sont en arrêt technique. «Une main-d’œuvre de 20.000 personnes est au chômage aujourd’hui», estime El Jamali. Et le phénomène risque de gagner aussi les stations de conditionnement des fruits et légumes. L’approvisionnement en matériaux d’emballage fait déjà défaut dans de nombreuses stations de la région d’Agadir. «Une fois les stocks épuisés, c’est l’arrêt inéluctable de la chaîne», est-il souligné. Mais les dégâts collatéraux de la grève ne se limitent pas à ces seuls aspects. Au niveau de Casablanca, le port tourne au ralenti et le marché de gros reçoit à peine quelque 400 camions par jour au lieu d’un millier par période normale. D’où une flambée des prix des fruits et légumes. Et la situation ne risque pas de s’arranger. A l’heure où nous mettions sous presse, personne ne pouvait dire si le débrayage allait être reconduit les prochains jours. Une chose est sûre, pour le ministère de tutelle la grève, lancée contre le projet du nouveau code de la route, ne se justifie pas. De leur côté, les syndicats continuent à réclamer l’ouverture d’un dialogue avec la Primature.

A. G.
L'Ă©conomiste