Actualité Agadir et région: Agadir / Tourisme : La destination s’essouffle

Posté par: Visiteursur 13-01-2010 20:32:07 2005 lectures · Baisse de plus de 3% en nuitées et en arrivées en 2009
· Dégringolade du taux d’occupation
· Capacité litière stagnante depuis quatre ans


L’activité touristique a terminé l’année 2009 en baisse à Agadir. Le recul est respectivement de 3,09% et de 3,61% en termes d’arrivées et de nuitées par rapport à l’année 2008. C’est ce qui a été annoncé vendredi dernier lors du conseil d’administration du Conseil régional du tourisme du Souss-Massa-Draâ (CRT).


Pour Abderrahim Oummani, président du CRT, la destination s’en tire, quand même, à bon compte dans ce contexte de crise internationale. De l’avis de certains opérateurs, il y a tout de même beaucoup de raisons de s’inquiéter car la baisse de l’activité est bien plus importante que ne le reflètent les statistiques. En effet, seuls les hôtels qui sont sur front de mer et ceux qui ont une clientèle des marchés du Moyen-Orient et national tirent leur épingle du jeu, les autres continuent à souffrir. Certains établissements qui ont une clientèle des marchés nordiques et anglais ne peuvent ainsi pas faire face à leurs charges fiscales et d’exploitation. Et ce en raison d’une baisse d’activité des marchés émetteurs qui est peut-être estimée à 50% comparativement à la même période en 2008, souligne Chafik Mahfoud, DG de l’hôtel Kenzi dans la station balnéaire. Saïd Scally, professionnel du secteur et past président du CRT, met en exergue pour sa part que le nombre de lits commercialisables dans la station balnéaire est d’environ 20.000 depuis quatre ans. En effet, la destination n’a enregistré que très peu de nouveaux lits ces toutes dernières années alors que deux établissements ont fermé. Le professionnel rappelle de même que le taux d’occupation n’a cessé de baisser depuis quatre ans. En 2008, il était de 51,76% et en 2009 il n’a pas dépassé les 49,92%. Pour Scally, il risque de baisser encore cette année et pourrait bien chuter jusqu’à 40%. «Ce qui pourrait porter préjudice à l’image de la destination chez les potentiels investisseurs», souligne-t-il.

Pour inverser la tendance, le professionnel veut miser sur les marchés de l’Europe de l’est et particulièrement sur les marchés nordiques. Rappelons que ces derniers n’ont pas été programmés sur la station balnéaire cet hiver par plusieurs tours opérateurs (TO). Mandaté par le CRT depuis début 2009 pour proposer un plan d’action pour la reconquête de ce marché, Scally n’a cessé depuis plusieurs mois, après de nombreux déplacements en Scandinavie, d’attirer l’attention des institutionnels du tourisme sur l’intérêt d’investir dans ce marché par des mesures concrètes et immédiates. Ce que propose l’opérateur c’est un engagement financier de l’ONMT et de la ville d’Agadir pour amener les TO scandinaves à revenir dans la station balnéaire. Concrètement, il s’agit d’accompagner les TO scandinaves dans leur programmation de vols sur Agadir. Ceci de manière à ce que le taux de risque de garantie qu’ils appliquent aux vols à destination de la station balnéaire diminue. «C’est ce qui fait que le package (hébergement, réceptif et aérien) sur Agadir est plus cher que celui de l’Egypte de 60 euros et de 50 euros par semaine par rapport à celui des îles Canaries, à date et produit similaires», précise Scally.

Pour l’heure, l’ONMT a donné son accord de principe pour mener une première expérience sur un premier vol de 140 places pour relier Agadir à Oslo durant l’hiver 2010. Pour cela, il faudrait que l’ONMT et la ville d’Agadir s’engagent à apporter sur toute la saison hiver 2010 (25 semaines), 3 millions de DH pour couvrir éventuellement au maximum le déficit de 30% en passagers sur la liaison aérienne. «Il est bien possible que nous n’ayons pas à donner autant mais il faut tout d’abord s’engager pour encourager le TO à programmer la destination cet hiver». Pour cela, il faut réagir vite car tout va se jouer avant le 20 janvier.

Et les nationaux?

Pour Rachid Filali, wali du Souss-Massa-Draâ, il faut de même investir dans le marché national. L’ouverture de l’autoroute Agadir-Marrakech est pour très bientôt et les professionnels ont tout intérêt à ne pas rater cette occasion. Même s’il est difficile de savoir pour l’instant dans quel sens se fera le flux de touristes, il est indispensable de préparer le produit pour recevoir une clientèle de famille que générera le désenclavement de la région. Et sur ce plan, il y a encore beaucoup de choses à faire tant au niveau hébergement, restauration qu’animation.

Malika ALAMI
L'Ă©conomiste