Société: Casablanca: Après l'exode, le retour au bercail

Posté par: Visiteursur 18-03-2010 20:57:57 1465 lectures Des décennies durant, des ruraux, particulièrement des gens du sud, ont massivement émigré vers Casablanca, attirés par les perspectives qu'offre une métropole en pleine expansion.

Mais, aujourd'hui, il semble que les choses sont en train de prendre une tournure inverse puisque nombreux sont ceux qui ont plié bagages pour retourner à leur village natal, notamment dans la région du Sud-ouest du Royaume, précisément à Zagora.


Par familles entières et après de longues années de dur labeur et souvent de privations à Casablanca où ils s'y sont installés, fuyant la précarité et le manque d'opportunités, ils sont aujourd'hui convaincus du nécessaire retour à la terre natale, d'autant que les choses se sont beaucoup améliorées avec l'alimentation en eau et électricité et le désenclavement des douars de la région.

Nombre de ces "revenants" ont aussi été attirés par les perspectives prometteuses d'une régénérescence des oasis du Draâ qui retrouve peu à peu son exubérance d'autan grâce aux précipitations généreuses de ces dernières années.

Beaucoup parmi ces arrivants se disent très optimistes quant à l'avenir de cette région, notamment Zagoura et Ouarzazate, avec les projets de valorisation des palmeraies, surtout après la dernière visite royale marquée par le lancement d'un grand projet porteur à Ouarzazate en matière de plantation et d'extension des superficies de palmiers dattiers, un chantier d'envergure qui ouvre de larges opportunités de promotion à quelque 92.848 agriculteurs de la région.

Dans ce retour volontaire aux origines, beaucoup ont déjà préparé leur nouvelle vie et ce, par l'acquisition de terres, qui pour y ériger des lotissements d'habitat, qui pour monter des projets touristiques.

En décidant de retourner à la terre d'origine, beaucoup parmi les arrivants ne sont pas mus par les seules motivations mercantilistes, car nombreux sont ceux qui considèrent ce retour comme un ressourcement pour retrouver une sérénité et une quiétude perdues au milieu du brouhaha, du stress et des nuisances de toutes sortes, qui étaient leur lot de Casablanca.

Dans des déclarations à la MAP, ils n'ont pas fait mystère de leur espoir que ce phénomène d'''exode inversé'' fasse tâche d'huile et pousse leurs concitoyens d'autres régions et contrées à leur emboîter le pas.

L'universitaire spécialisé dans la recherche sur le patrimoine et usages dans la province de Zagoura, Ali Al Moutaki, explique à la MAP, que l'exode rural a, jusqu'aux années 90, pris des proportions importantes donnant lieu à la prolifération clandestine de bidonvilles dans les périphéries de grandes villes comme Casablanca.

Cette tendance est cependant en train de s'inverser aujourd'hui avec les flux importants d'anciens ''migrants'' vers leur région d'origine, a-t-il observé , indiquant que ce retour n'a pas été motivé, comme au début, par une envie de s'affranchir de la misère mais, au contraire, dénote une réelle détermination à exploiter le bas de laine des longues années de labeur en ville, et réaliser des projets d'avenir dans la terre natale, près des siens.

Cet universitaire qui enseigne à la faculté des langues à Marrakech tient à faire remarquer que parmi les pionniers de cette nouvelle vague d'exode inversé figurent aussi des émigrés à l'étranger et des fonctionnaires qui ont acquis des terres, un hectare tout au plus, pour en faire souvent une habitation, surtout avec le mouvement d'urbanisation et de désenclavement que connaissent les régions du Sud-Ouest.

Et d'ajouter que ce retour au bercail favorisera encore davantage le développement de la région en offrira notamment des opportunités d'emploi à beaucoup de bras, notamment dans le domaine agricole.

Il a cependant exprimé certaines craintes quant aux conséquences d'une exploitation excessive de la nappe phréatique d'autant que toutes les résidences fraîchement bâties tirent leurs besoins des eaux souterraines.

Conséquence de l'urbanisation effrénée et de l'explosion démographique, avec tous les travers que cela engendre, l'exode rural, qui est un phénomène généralisé, -comme le montre d'ailleurs le rapport 2003 des Nations-Unis sur les lieux et modes de vie qui chiffre la proportion de l'exode rural dans le monde à quelque 800.000 migrants entre 1950 et 2000- pourrait revêtir moins d'acuité, moyennent des politiques d'aménagement spatial plus cohérentes, jouant notamment sur l'attractivité de plus en plus évidente du milieu rural.
MAPF