Actualité Agadir et région: Exposition de peinture et sculpture à Agadir : Un hommage de Chantal Tronquit Ballester et Abdallah Aourik à leur ville natale

Posté par: Visiteursur 28-02-2012 23:39:42 986 lectures A l'occasion du 52ème anniversaire du séisme d'Agadir qui a eu lieu le 29 février 1960, le magazine interculturel ''Agadir O'flla'' organise une exposition de Chantal Tronquit Ballester et Abdallah Aourik au hall des expositions de la Délégation régionale du ministère de la Jeunesse et des Sports en hommage à la ville d'Agadir et aux Gadiris. Cette exposition, dont le vernissage aura lieu le mardi 28 février 2012 à 18 h 30, se tiendra jusqu'au 05 mars 2012.

Parmi ses temps forts, figure la projection, le 28 février 2012 à 21 h 00, d'un document préparé par Abdallah Aourik montrant la ville d'Agadir avant, pendant et après le séisme.


Par ailleurs, durant cette exposition, les deux artistes donneront des cours gratuits de sculpture sur argile à un groupe d'enfants à besoins spécifiques.

Si le destin a voulu que la ville natale de ces deux artistes, qui ne se sont jamais rencontrés dans leur enfance (Abdallah est né en 1946 à Talborjt, et Chantal en 1950 à Ihchach), soit détruite par un terrible cataclysme, il les a enfin réunis, 52 ans après pour rendre hommage à la ville qui les a vus naître et à ses habitants.

C'est la première fois que ces deux artistes-peintres et sculpteurs classiques issus de la ''la Perle du Souss''exposent ensemble. Deux enfants des deux quartiers les plus populaires de la ville martyre, de civilisation et de culture différentes qui ont choisi de donner la pleine mesure de leur talent à travers l'art figuratif classique pour exprimer avec des formes et des couleurs les réalités de la vie.

Abdallah Aourik dit à propos de cette fabuleuse rencontre : «L'art n'a pas de frontières, et ce savoir-faire est certainement le langage qui rapproche les peuples. Ce pont artistique qu'on pourrait appeler, ''le Pont de Tildi'', le trait d'union entre le Nord et le Sud». Et de conclure: «A travers mes œuvres et celles de Chantal, on découvre les fondements de l'Ecole de l'art figuratif classique d'Agadir. »

Abdallah Aourik, qui a fait ses études primaires à Talborjt, fait partie d'un groupe d'enfants rescapés du séisme d'Agadir recueillis par des familles belges. Et après des études secondaires en Belgique, il entre à Cambridge en Angleterre où il étudie l'histoire de l'art et l'astrophysique de 1964 à 1967 puis s'inscrit à l'université d'Umea en Suède en 1967 où il suit des cours de sociologie et d'anthropologie. Les voyages formant la jeunesse, Abdallah quitte la Suède pour l'Allemagne de l'Ouest où il étudie la sculpture et le dessin d'art moderne à l'Ecole des Beaux-Arts de Berlin de 1968 à 1970. Toujours assoiffé de connaissances de l'art, il quitte l'Allemagne pour l'Italie où il entre à l'Académie des Beaux-Arts de la ville éternelle pour étancher sa soif d'art classique gréco-romain.

Une fois ses études académiques terminées, il décide de découvrir le monde. Comme il peint tout le long de son périple, le fruit de la vente de ses tableaux, lui permet de subvenir à ses besoins. Et c'est ainsi qu'il a visité quelque 104 pays où il a exposé ses œuvres et en particulier en Afghanistan, au Pakistan, en Inde et au Népal à Katmandou où il fait des recherches sur la sculpture boudhiste de l'Himalaya et du Tibet.

Après le Népal, et comme il commence à avoir le mal du pays et de ''Tamazirt'', il se lance un nouveau défi en décidant de faire le trajet à pied, de Katmandou à Agadir en passant respectivement par l'Iran, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, la Grèce, la Yougoslavie, l'Italie et l'Espagne. Cela lui prendra, 11 mois.

A son retour au bercail en 1974, il s'adonne à la sculpture sur argile et sur plâtre. Entre 1975 et 1980, il réalise une vingtaine de sculptures et peint, en 1975, un grand tableau sous le thème du Sahara marocain qu'il choisira d'exposer lors de la première célébration de la Fête du Trône dans les provinces sahariennes en 1977.

En 1980, il entame un long périple à travers les Etats-Unis d'Amérique qui durera cinq ans. Il réalise un tableau significatif sur chacun des 50 Etats du pays de l'oncle Sam et peint 850 tableaux durant son long séjour aux USA. Arrivé à Hawaï, il y expose une centaine de tableaux, ce qui lui vaut d'ailleurs la médaille d'or.

De 1967 à 2011, Aourik a exposé ses œuvres dans plusieurs villes du Maroc et à l'étranger, en Europe, en Asie et en Amérique.

Et après avoir longtemps habité à la cité hassanie (anciennement Cité d'urgence), il a emménagé récemment dans sa maison du nouveau Talborjt qui n'est pas sans lui rappeler l'ancienTalborjt où il est né et où il a fait ses études primaires à l'Ecole musulmane (Ecole de M. Simon du nom de son directeur). Mais quand il a besoin de se ressourcer, il se retire à Imesouane, petit village de pêcheurs de la côte atlantique sur la route d'Essaouira où il peut admirer le coucher du soleil et méditer tranquillement face à l'Océan des ténèbres ou aller à la rencontre des pêcheurs rentrant au village à bord de leurs frêles embarcations chargées de poissons frais.

Aourik est également directeur-fondateur du magazine «Agadir O'flla» qu'il a dédié à la recherche sur les Beaux-Arts, les Belles Lettres et l'Histoire.
Autodidacte, Chantal Tronquit Ballester, a, quant à elle, exposé ses œuvres en France et à l'étranger et notamment, à l'espace Delpha à Paris en 1985, au Métropolis galerie internationale d'art à Genève en Suisse en 1985, à Aix-en Provence et à Londres en 1986.

Elle a créé et réalisé plusieurs médailles et trophées pour différentes manifestations culturelles et artistiques dont le trophée du Festival international du film de la région Saint-Paul Trois Châteaux de 1988 à 1992. C'est à elle qu'on doit aussi le buste de Sézanne exposé en juillet 1990 à l'Office du tourisme d'Aix-en-Provence puis ensuite à Soho à New York aux Etats-Unis en juillet 1991.

Elle a également réalisé plusieurs commandes importantes que lui ont passé les villes de Marignane et de Vitrolles (buste du Gl. De Gaulle, buste de Jean Moulin, bas-relief du maréchal De Lattre de Tassigny et de Salvador Dali ainsi qu'une tête de lion pour une fontaine d'Aix-en-Provence…).

Et au sujet de sa rencontre avec Abdallah Aourik et de leur exposition, elle nous a dit :« Un jour, j'ai rencontré Abdallah. J'étais très heureuse de rencontrer un autre artiste à Agadir. Abdallah m'a dit qu'il avait envie de faire une exposition avec des artistes nés à Agadir avant le séisme. Il avait aussi un autre ami qui est né à Agadir, mais je pense qu'il n'a pas pu venir ». « J'ai trouvé l'idée vraiment géniale parce que c'est grâce à lui que je fais cette exposition dans ma ville natale. Ce qui m'importe surtout, c'est de faire connaître mon travail aux Gadiris. Pour moi, c'est donc un vrai retour aux sources. Et ma source, c'est l'argile, le marbre de l'oued à Ihchach où il y avait une marbrerie», a-t-elle souligné.

Et d'ajouter : «En France, je me suis occupée d'une action humanitaire qui s'appelait : «Un carrefour, un bébé» et avec Nabili, qui est malheureusement décédé récemment, on a fait cette exposition et on a donné des œuvres pour permettre à un bébé d'être opéré du cœur. Nabili m'avait dit qu'il viendrait monter un atelier pour enfants à Agadir. Et quand j'ai rencontré Abdallah, il avait eu une idée pareille. »

Et de poursuivre : « Je suis reconnaissante à Abdallah et à la Délégation de la jeunesse et des sports parce qu'ils vont me permettre de m'occuper des enfants. Car, pour moi, les enfants, c'est très important. On a donc décidé de donner des cours gratuits bien sûr, à des enfants défavorisés ou handicapés. On aimerait surtout faire jaillir en eux cette petite étincelle de la création. Et je trouve ça très important dans le monde actuel. On va avoir dix enfants, cinq chacun, dans la journée. »Et de conclure : «J'espère que ça leur apportera beaucoup de choses. Il s'agit de les laisser libres dans leur imagination pour qu'ils expriment leurs émotions et extériorisent ce qu'ils ont à l'intérieur et tout ce qui les blesse aussi et de les rendre heureux parce que notre but, c'est évidemment de leur faire passer un message de bonheur. »

Libération