Actualité Agadir et région: Agadir 53 ans après le séisme: une identité architecturale multiple et dynamique

Posté par: Visiteursur 06-03-2013 20:44:03 1916 lectures Dans le feu de l’action ayant accompagné la reconstruction d’Agadir après le terrible séisme l’ayant presque rasé en quelques secondes de la carte, un lundi 29 février 1960, une fournée d’hommes et de femmes ont produit des chefs-d’Âœuvre architecturaux d’une rare élégance, donnant ainsi à la ville une identité dynamique, multiple et en plein mouvement.

"En célébration de ce triste anniversaire, nous vous invitons à porter vos regards sur la réponse de ces hommes et de ces femmes à la destruction de leur ville. De beaux édifices qui résistent à notre indifférence, voire à notre hostilité", explique dans un éditorial Touriya Ouchehad, directrice du magazine "Agadir Première", qui vient de publier un spécial sur l’identité architecturale de la ville.


Et pour cause, explique Catherine Bidault, rédactrice en chef de la publication: "l’architecture d’Agadir c’est celle de sa reconstruction, caractéristique du mouvement moderne des années 60, mais résolument intemporelle. Ce sont les poutres brutes de décoffrage, le béton apparent, les poteaux massifs destinés à rassurer" une population traumatisée par le séisme.

Grands, futuristes, en béton apparent, ils se reconnaissent au premier regard: la municipalité, la poste principale, l’immeuble A, la caserne des pompiers, la Banque du Maroc, la rue des administrations. Aujourd’hui encore, bien que certains soient mal sauvegardés, ces édifices, qui n’ont pas perdu de leur superbe, rendent l’écho d’une époque "brutaliste" où, dans la foulée de la reconstruction, les compteurs architecturaux ont été remis à zéro.

Ainsi, une vague de jeunes architectes du mouvement moderne, repérés parmi les meilleurs élèves des Beaux-arts de Paris, étaient réunis autour d’un projet urbanistique s’inscrivant dans la lignée de Charles-Edouard Jeanneret, plus connu par le nom Le Corbusier (1887/1965), un célèbre architecte, urbaniste, décorateur, peintre, sculpteur et homme de lettres ayant marqué de son empreinte l’art architectural moderne.

C’est dans cette lignée que naquit la reconstruction d’Agadir avec des édifices portant les empreintes corbuséennes de Jean-François Zevaco, Elie Azagury, Abdessalam Faraoui, Philippe De Mazières, Henri Tastemain et bien d’autres.

A ce titre précisément, la reconstruction d’Agadir représenta un cas d’école sur lequel une génération, prô nant une "rupture volontaire" avec le style architectural précédent, ont mis le cÂœur à l’ouvrage, exaltés qu’ils étaient par la ferveur du progrès qui animait cette époque.

A bien des égards, 53 ans après le séisme, l’âme architecturale d’Agadir, portée par des créateurs de talent et des symboles forts, alliant blancheur et modernité, robustesse et assurance, ne semble pas avoir capitalisé suffisamment sur ses anciens acquis esthétiques.

"Le hic, c’est que l’expansion immobilière d’Agadir n’a pas forcément fait suivre une architecture dans cet esprit", soutient Catherine Bidault, s’empressant, toutefois, d’ajouter que "des solutions existent et des hommes travaillent à retrouver l’identité d’Agadir".

Mais pourquoi en est-on arrivé là face à un paysage urbanistique aussi hétéroclite ? Réponse : Loin de mesurer en son temps le poids des contraintes socioéconomiques que vit la ville, aujourd’hui, sous l’effet conjugué de la croissance démographique et des pressions migratoires, "la vision d’une nouvelle ville inscrite dans la modernité internationale n’a pas tenu compte de la complexité et de la spécificité d’un héritage culturel fortement présent", écrit le magazine.

Et de citer parmi les handicaps qui freinent, depuis la fin des années 80, une construction immobilière de qualité, une certaine propension des maîtres d’ouvrage et d’acteurs de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire "à prétendre maîtriser tous les corps de métier".

Pourtant, reprenant l’esprit moderne de l’époque de la reconstruction avec une touche d’art ornemental marocain, nombre de nouveaux bâtiments affichent une volonté de continuité dans l’identité architecturale d’Agadir, dont la Cour d’Appel, la Chambre d’agriculture, le Lycée français, le Consulat de France, le Centre régional d’investissement, le Conseil régional Souss-Massa-Drâa, pour ne citer que ceux-ci.

Qu’à cela ne tienne, mais plus d’un demi-siècle après le séisme, nul ne saurait oublier cette citation de feu SM Mohammed V: "Si le destin a décidé de la destruction d’Agadir, sa reconstruction dépendra de notre foi et de notre volonté".

Tenace et infaillible, telle était et telle le sera cette même volonté, gravée à jamais sur le "Mur du Souvenir", face au siège de la municipalité d’Agadir, comme dans la mémoire de tous les Marocains.

MAP