Actualité Agadir et région: Tourisme: Pourquoi Agadir s’essouffle

Posté par: Visiteursur 28-04-2013 20:50:08 942 lectures Augmentation des nuitées en trompe-l’œil
Chute des chiffres d’affaires de plus de 25% depuis trois ans
Vétusté d’une partie du produit, offre en hôtels de luxe insuffisante, manque d’animation… les maux de la destination


DE larges plages de sable fin, un climat ensoleillé près de 360 jours par an… Agadir continue de vendre ses vieux clichés, sans véritable logistique ni infrastructures pour y parvenir. La vétusté de son parc hôtelier, l’absence de dessertes aériennes supplémentaires et d’établissements haut de gamme font que cette destination, qui peine aussi à mettre en place une animation digne des touristes qu’elle veut recevoir, est moins programmée par les TO étrangers.


Tout ce qui brille n’est pas or. Il ne faut pas se fier aux statistiques qui peuvent se révéler trompeuses. Même si la station balnéaire enregistre cette année une augmentation de ses arrivées et de ses nuitées (par rapport à 2012), force est de constater qu’avec près de 3.000 nouveaux lits, la ville ne fait toujours pas mieux qu’en 2007, année de référence. En effet, les statistiques du Conseil régional du Souss-Massa-Draâ font état pour le premier trimestre 2013 de 178.777 arrivées contre 161.049 pour la même période en 2012, soit une augmentation de 11,01%. La destination a aussi enregistré 928.823 nuitées à l’issue du premier trimestre 2013 contre 845.055 nuitées en 2012, soit une augmentation de 9,91%. Bien loin des performances du premier trimestre 2007. A cette période, la station balnéaire avait réalisé plus de 1,04 million de nuitées avec moins de lits. Le taux d’occupation moyen atteignait 57,45% alors qu’il est aujourd’hui de 48,25%. Pis encore, l’augmentation enregistrée ces derniers mois ne profite pas à tous les établissements hôteliers. Sur la destination, seuls quatre ou cinq hôtels bénéficient de cette embellie et enregistrent de bons taux d’occupation même si les chiffres d’affaires sont en baisse depuis trois ans. Selon Said Scally, opérateur du secteur, la chute serait supérieure à 25%. D’autres établissements d’hébergement ont du mal à faire face à leurs charges. Aussi, cela se traduit par des mouvements sociaux. On ne compte plus les banderoles de protestations qui garnissent les façades des hôtels comme le Valtur, fermé depuis longtemps, l’Adrar ou encore l’Anezi. Ce ne sont pas les seuls établissemens à être menacés dans leur activité. La station balnéaire compte une dizaine d’hôtels en difficulté.
Pour Salah-Eddine Benhamane, DG des hôtels d’Atlas Hospitality à Agadir, même si les prévisions sont meilleures que l’an dernier, le problème réside dans le management du parc hôtelier et du produit vieillissant de quelques établissements. Avis partagé par un représentant en Allemagne du groupe TUI. Selon lui, la longueur d’avance prise par une destination concurrente telle que la Turquie est due en grande partie aux rénovations du parc hôtelier.
Sur Agadir, où le marché allemand est passé de 150.000 clients en 2002 à 40.000 en 2012, plus de 80% des hôtels ont plus de 25 ans. Aujourd’hui, une vingtaine d’établissements nécessitent véritablement une rénovation. Comment faire face à une telle dépense quand ceux qui ont le plus besoin de lifting sont en difficulté financière et ont du mal à assumer leurs charges. La formule Rénovotel, qui pourrait les assister dans leur mise à niveau, est estimée contraignante à cause de critères d’éligibilité sévères. «Il faudrait réfléchir à des allégements ou à d’autres mesures pour encourager les hôteliers à la rénovation de leur établissement», souligne-t-il. Les TO allemands font également part de leurs remarques. Pour eux, l’essentiel est d’étoffer la capacité litière, aujourd’hui insuffisante, avec des établissements de luxe (4 et 5 étoiles).
Comment améliorer le taux de remplissage des autres hôtels, qui, eux, continuent de souffrir?
A l’instar de toutes les régions, le même leitmotiv revient chez les opérateurs: c’est l’aérien qui fait défaut. «Il serait judicieux de soutenir d’une manière ou d’une autre une compagnie aérienne étrangère», fait observer Iraâ Sbai. «Ou bien relancer la politique des charters avec des subventions comme ce qui a été fait pour les low cost», ajoute Scally.
Continuer à vendre des plages de sable fin, sans véritable activité et animation, c’est conduire cette destination vers un suicide. Hormis le surf et le golf, la destination doit être en mesure d’offrir une animation variée et pointue. Et dire qu’Agadir ne compte même pas une salle de cinéma…
Sensibiliser les patrons d’hôtels sur la qualité du produit est aussi primordial. «Internet est une menace aujourd’hui pour les établissements car un seul client mécontent et cela fait tache d’huile sur le web», avance Chafik Mahfoud Filali, directeur du Kenzi Europa Hôtel à Agadir. Unanimité aussi auprès des professionnels pour l’intérêt de mettre en place une fédération régionale du tourisme qui coordonnerait toutes ces actions.
La situation actuelle d’Agadir, assimilée à celle de la Turquie d’il y a 15 ans, n’est pas irréversible. «Les Turcs ont mis à l’époque tous les moyens en œuvre pour s’en sortir, à nous de prendre exemple», lance un professionnel.

Les autocars de tourisme en voie de disparition

LA crise que vit le secteur du tourisme depuis plus de deux ans à Agadir a eu de fortes retombées négatives sur les activités annexes. En deux ans, le parc d’autocars touristiques de la ville a baissé de plus de 70%, indique Said Scally, professionnel du domaine.
Auparavant, on comptait plus de 300 autocars grand luxe de 50 places sur la destination. Aujourd’hui, on recense moins de 100 et pas une seule nouvelle commande. Cette situation a bien sûr des effets sur le nombre des excursions qui représentaient il y a trois ans 25 à 30% des arrivées. Cela générait près de 3.000 touristes par semaine en excursion. Aujourd’hui, ils ne dépassent pas au total 200 par semaine.

L´Economiste