Dr Aichane : ''30% de la population casablancaise est rhinitique''
Date 29-04-2008 22:10:42 | Sujet : Santé
| Le printemps s’annonce pour vous comme un véritable cauchemar : éternuements, nez qui coule ou conjonctivite…des symptômes qui font penser à un rhume classique mais qui peuvent traduire une rhinite allergique. Pour en savoir plus sur cette pathologie, nous cédons la parole à Dr Abdelaziz Aichane, professeur des maladies respiratoires et allergiques et pneumo- allergologue.
- Le printemps est synonyme de rhinite allergique chez certaines personnes. Quels sont les symptômes les plus fréquents durant cette saison ?
- Les symptômes les plus fréquents de la rhinite allergique sont les éternuements, la rhinorrhée, c’est-à -dire le nez qui coule, les picotements su nez, on a envie de gratter tout le temps. Dans ce cas, on est en train de développer ce qu’on appelle le rhume de foins. C’est une rhinite allergique qui est fréquente surtout dans la période du printemps et qui est due essentiellement au pollen. Mais parfois la rhinite devient un peu sévère essentiellement au cours des mois d’avril et de mai. On peut avoir une obstruction nasale, c’est-à -dire que le nez devient complètement bouché.
- Justement plusieurs personnes confondent grippe et rhinite allergique. Quelle est la différente entre ces deux pathologies ?
- Les gens parfois confondent la rhinite allergique avec ce qu’on appelle les rhinites virales (la grippe). Alors qu’au début de la rhinite virale il y a de la fièvre, des douleurs musculaires, on a mal partout dans le corps, on a envie de se coucher…Mais la rhinite allergique est principalement due au pollen. On respire le pollen et donc on développe une rhinite allergique qui risque parfois de se compliquer vers un asthme. Donc, la différence est simple. Quand on est grippé on a de la fièvre, le nez qui coule, des maux de tête, des céphalées, des courbatures et de la fièvre partout et on a envie de se reposer. Par contre dans la rhinite allergique, on n’a pas de fièvre, ni de maux de tête ou de courbature mais par contre le nez devient complètement bouché et parfois il coule comme un robinet. Donc il faut la traiter le plus vite possible.
- La rhinite allergique est-elle héréditaire ?
- En partie oui. Si on a des parents allergiques ou asthmatiques, dans 80% des cas, les enfants peuvent développer une rhinite allergique. L’allergie même est héréditaire, pas seulement la rhinite allergique. L’allergie passe dans le sang fœtal, de la mère à l’enfant. Si la mère est allergique elle risque de véhiculer le gène de l’allergène à son bébé. Donc le facteur de l’hérédité existe, c’est pourquoi il faut insister sur la prévention et le traitement de la rhinite allergique parce que 50% des rhinitiques font de l’asthme.
- Chez les petits il est parfois difficile de déterminer si l’enfant est atteint d’une grippe ou d’une rhinite allergique, et par la suite à quel type de pollen est-il allergique. Qu’est ce qu’il faut faire dans ce cas ?
- Il faut premièrement consulter un allergologue, un médecin spécialiste en matière d’allergie, pour voir s’il y a une rhinite allergique ou non et puis faire des tests cutanés allergologiques pour savoir quel type d’allergie présente le malade et déterminer à quel type de pollen il est allergique. Parce qu’il y a beaucoup de pollen : le pollen de graminées, le pollen des arbres, le pollen des plantes…Il est mieux de commencer un traitement pré-saisonnier. Par exemple pour les pollens de graminées, on commence un traitement avec des gouttes ou des comprimés qu’on met sous la langue, c’est-à -dire des vaccins, et dans ce cas là on peut même guérir le malade. Pour cela il faut absolument faire une enquête allergologique qui nous permet de savoir à quoi le malade est allergique et procéder par la suite à un traitement précis. Ce que les gens doivent comprendre c’est que la rhinite doit être traitée avant la saison polémique parce que dans 50% des cas elle se développe vers un asthme.
- Comment prévenir la rhinite allergique ?
- D’abord si on a des parents qui sont allergiques au pollen, les enfants risquent de faire une allergie au pollen donc ils doivent éviter de sortir et de s’exposer aux pollens au cours de la saison pollinique. Certes c’est difficile pour les enfants et les gens qui travaillent mais c’est la seule manière de prévenir. Et puis il est recommandé s’il y a un fort pollinose, de mettre une bavette sur le nez et la bouche pour diminuer la concentration du pollen. Mais le problème c’est que le diesel des voitures véhicule aussi le pollen comme dans une grande ville comme Casablanca. Et deuxièmement il faut commencer le traitement aussitôt. Faire une enquête allergologique et savoir à quel type de pollen on est allergique pour prendre ses précautions au cours de la saison de pollinisation et commencer des traitements et des vaccins.
En fin, il faut savoir que la rhinite allergique existe au Maroc et que 30% de la population casablancaise est rhinitique à cause de la pollution donc il faut se prendre en charge correctement.
Houria Ben Moussa
Menara
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