Agadir : La loi de la jungle
Date 09-05-2007 20:25:45 | Sujet : Actualité Agadir et région
| On ne le dira jamais assez, le port d'Agadir ressemble à une véritable jungle où les fauves se disputent le butin à coups de millions par jour. Plusieurs intervenants dans l'activité portuaire se répartissent les revenus subtilisés en liquide ou en poisson frais, industriel ou encore congelé, à travers des agents qui passent la journée à faire des collectes au su et au vu de tout le monde.
Aussi bien à l'approche des quais, dans la criée qu'à la sortie du port, ces intermédiaires s'adonnent à ces sales besognes et remettent quotidiennement les sommes collectées à leurs supérieurs. Dans une précédente livraison, nous avons dénoncé la pratique de ces agents qui travaillent à la solde de certains acteurs du port.
Juste après la parution de cet article, il y eut une tentative d'atténuer ces manœuvres, mais tout le monde pointait du doigt l'agent dénoncé et connu de tout le monde. C'est ainsi que cet agent, piqué au vif et se sentant manipulé par les supérieurs, se dirigea récemment vers la sortie du port et se mettait à dénoncer à haute voix nombre d'organismes de l'autorité, de la délégation des pêches maritimes, de l'office national des pêches, de l'ODEP et bien d'autres, accusant tout ce beau monde de détournements et de manipulations. De peur d'être davantage ridiculisé et mouillé, on se hâta de l'arrêter et l'envoyer à la détention, sous prétexte qu'il est en état d'ébriété, alors que cet agent est perpétuellement dans cet état d'ivresse et l'on n'a jamais pensé le mettre en cause. Visiblement, cette fois-ci, on a voulu l'étouffer parce qu'il dérangeait tous les magouilleurs du port par ces dénonciations publiques. Comme disait l'adage classique : «le témoin de la maison a avoué». L'agent a passé la nuit sous les verrous avant d'être relâché, car les mis en cause ont préféré renoncer aux poursuites malgré la gravité des accusations. Cet incident qui dévoile bien cette situation de piraterie dans le port se passe de tout commentaire, car elle montre bien qu'il y a des intouchables et des boucs émissaires qui, une fois coincés, sont ignorés voire enfoncés davantage par les supérieurs. Ce qui indigna, bien entendu, l'agent précité et le poussa à dévoiler ouvertement les vrais et multiples contrevenants. Tout le monde au port y trouve son compte dans une parfaite entente et une synergie exemplaire. Et si, par conscience, quelqu'un se décide d'évoluer dans les normes et les lois en vigueur, il devient indésirable et même combattu par tous les moyens, car il est considéré comme un intrus dans le «système». Ces pirateries quotidiennes font perdre aux caisses de l'Etat des sommes faramineuses qui vont directement dans les poches de la plupart des intervenants directs (surtout en taxes impayées).
Comment peut-on concevoir, à titre d'exemple, que des milliers de tonnes d'anchois peuvent sortir du port, chaque dimanche, sans payer un seul centime d'impôt ? Et pourquoi, spécialement les dimanches, les mêmes agents spéciaux sont désignés au pont-bascule ? Toutes ces questions montrent bien que l'anarchie règne dans le port, avec la bénédiction de certaines autorités qui profitent également des collectes illicites.
Que pensent les responsables centraux et régionaux de cette situation qui n'est plus un secret pour personne ? A quand un véritable assainissement - définitif et radical - au port d'Agadir qui devient de plus en plus une propriété privé des lobbys ?
Il est devenu courant que lorsqu'un article comme celui-ci dénonce ces pratiques abjectes, on se presse de mettre de l'ordre dans les quais, les entrepôts, les carreaux, la bascule, la sortie où se tiennent pas moins de sept représentants. Mais une fois l'orage passé, on reprend les mêmes conduites illicites.
Source : Al Bayane
|
|