Timitar : Marcel Khalifa met le feu au Théâtre de Verdure : Le chanteur engagé profite de l'occasion pour « rééduquer » le public gadiri

Date 04-07-2008 19:43:12 | Sujet : Actualité Agadir et région

Décidément, Marcel Khalifa, en lui seul, est une catégorie à part, un univers exceptionnel où talent, engagement et passion se réunissent pour donner lieu à un feu d'artifice ! C'est ce qui a été confirmé lors de son concert très attendu dans le cadre de la cinquième édition du festival Timitar, mercredi soir.

Presque deux heures d'émotion pleinement vécues par l'artiste et par son public venu en masse pour assister à une deuxième prestation à Agadir, après une participation remarquable à la première édition. Malgré son caractère sélectif (sur invitation), le concert qui a eu lieu au Théâtre de verdure a attiré une belle foule bariolée. Des jeunes étudiants, aux adultes nostalgiques en passant par les enfants curieux, les gradins s'animent déjà à l'apparition furtive d'un Marcel Khalifa qui a l'art de se dérober…
Modestie ou notoriété mal assumée ? L'artiste ne cessait de répéter aux médias qui «l'harcèlent» que s'il avait quelque chose de nouveau à déclarer, il donnerait tout logiquement une conférence de presse !

Pour passer le temps en attendant le début du concert qui commence à tarder, une bande d'étudiants enthousiastes s'est lancée dans une envolée mélodique reprenant les succès du chanteur engagé. «Marfouâa Al kamati», «Hila hila», «Watani»… les chansons qui ont animé les c?urs de millions d'Arabes depuis les années 70 étaient toujours aussi vivantes dans les mémoires.

L'ensemble de l'assistance s'est pris au jeu avant que l'artiste ne fasse enfin son apparition, accompagné de son fils de pianiste, après presque une heure de retard. Cheveux mi-longs traversés par quelques mèches blanches et tenue sobre, Marcel Khalifa avec sa barbe emblématique a déclenché un tonnerre d'applaudissements.

Debout, le public rendait spontanément hommage à l'artiste. «Puisqu'il y a aujourd'hui beaucoup d'enfants parmi nous et avant qu'ils ne s'endorment, je vais leur chanter spécialement ce morceau… », lance le chanteur avec un petit sourire au coin de la bouche.

«Tayer teyara» ouvrira ainsi le bal et fera le bonheur des grands avant les petits. Pris par un trop d'enthousiasme, compréhensible d'ailleurs, les spectateurs n'arrivent pas à se retenir. Ils se lancent dans des applaudissements mal cadencés en guise d'accompagnement de la musique des Khalifas, père et fils. Méticuleux et adepte du recueillement dans le temple de la musique engagée, l'artiste ne tarde pas à faire la remarque. «C'est une chanson d'amour, ses paroles sont celles du poète Mahmoud Darwich et comme vous le savez l'amour est un langage soutenu qui demande beaucoup de silence et d'attention pour saisir ses beaux messages. Faisons le silence et écoutons cette déclaration d'amour», s'adresse-t-il calmement à ses fans. Une leçon d'écoute et une tentative de «rééducation» du public.

Toujours aussi révolté et anti standardisation, il évoque la culture de la télévision et déplore le développement de la nouvelle vague de musique arabe basée sur la danse et la non-écoute. Réceptif et sous le charme de cette forte présence, le public répondra rapidement aux «instructions» de Marcel et se calme en guettant le moindre geste lui donnant la réplique.

Imperturbable, le public gadiri a su gérer la petite crise causée par un problème technique du microphone. Durant les longues minutes d'attente pour régler l'incident, les spectateurs se sont improvisés chanteurs et ont comblé le blanc par des prestations collectives des chansons à succès de Khalifa. Avec leur sens de débrouillardise, ils ont forcé la sympathie du chanteur agacé.
Leur récompense était une belle prestation doublée d'une performance remarquable de son fils Rami qui l'accompagnait au piano. Son solo impressionnant a confirmé le dicton : tel père tel fils.

Sous le signe de la rencontre

Gratifiant le public d'une heureuse rencontre avec son fils Rami qui l'accompagne au piano, Marcel Khalifa accueille sur scène le jeune luthiste marocain, Driss Manouni. Après avoir témoigné de son grand talent, il n'hésite pas à l'inviter pour jouer en trio. Sur fond des paroles de «Hila Hila», les trois musiciens ont redoublé de virtuosité dans un concert acoustique de qualité.

Le père en vétéran, le fils en petit génie du clavier et l'ami marocain en acolyte de talent, le concert sera clôt en beauté et avec un brin d'humour intelligent. Marcel Khalifa fidèle à sa réputation de chamailleur, n'hésitera pas d'adresser avec malice au public «officiel» trop sage tout en les incitant à se décontracter et à profiter pleinement du concert. «C'était une belle réussite. Vous avez vu combien le public a été réactif et réceptif à notre musique. C'était un pur moment de plaisir», nous déclare- t-il en quittant la scène. Il ne pourra pas mieux décrire la symbiose de ce soir !

Par Agadir - Hayat Kamal Idrissi | LE MATIN



Cet article provient de AgadirInou.Com - Le Portail de la ville d'Agadir et de ses Régions
http://www.agadirinou.com

L'adresse de cet article est :
http://www.agadirinou.com/modules/news/article.php?storyid=2924