enfants sont-ils prêts à vivre dans un monde global ?

Date 09-02-2009 21:07:29 | Sujet : Société

« Do you speak global ? », une question qu’il faudra qu’on se pose d’abord à nous mêmes et ensuite à nos enfants. A l’ère de la mondialisation et au milieu d’une compétitivité féroce, nos enfants sont-ils préparés pour prendre l’élan de l’innovation et de la créativité et être les leaders de demain ? L’école marocaine sera-t-elle capable de s’inspirer des exemples américains et européens pour produire des jeunes capables de vivre dans le village global ?

Ces questions ont été soulevés lors du forum « Enseignement et diversité culturelle », organisé le 3 février à Casablanca, par George Washington Academy, à l’occasion de son 10ème anniversaire et de l’arrivée du paquebot « Semester At Sea » qui a mouillé au port de Casablanca. Il s’agit d’un bateau école qui fait le tour du monde avec à bord des boursiers de plusieurs nationalités, y compris des marocains, qui suivront leurs études à bord du prestigieux paquebot pendant 6 mois, avant de débarquer aux Etats Unis pour 6 mois de plus.
Lors de ce forum qui a réuni différentes personnalités de renom, d’horizons différents et complémentaires (sociologue, psychologue, pédagogue, homme d’affaires, artiste, psychiatre, consultant RH…), il a été prouvé qu’à la différence de cette école qui dispense une éducation multiculturelle et multilinguiste, le système éducatif marocain est loin d’atteindre cet objectif.

Les langues, principales moyen d’ouverture à d’autres cultures sont souvent négligées dans le système d’enseignement marocain. Les étudiants arrivent à l’université avec seulement l’arabe classique qu’ils ne maîtrisent pas forcément.

Les « hommes et femmes de demain » n’osent jamais prendre la parole en public et trouvent beaucoup de difficulté à faire des recherches sur le terrain pour leurs projets d’études, se contentant de la méthode traditionnelle du bouquinage.

« L’enseignement n’est pas performant », affirme Soumaya Naamane Guessous, Sociologue et écrivain. « Il est encore désuet. La pédagogie utilisée est une pédagogie complètement dépassée basée très souvent sur une violence verbale et physique », poursuit la sociologue.

Un enseignement qui ne favorise pas la recherche, qui ne développe pas les aptitudes de communication, d’autonomie, de créativité, de l’esprit d’initiative et de l’innovation, tel est l’état des lieux de notre système marocain.

Si on raffole des profils qui ont fait un parcours à l’étranger ou dans des écoles privés, ce n’est pas surprenant, lance Wassila Ibrahimi, Directrice d’un cabinet de recrutement et de conseil. « On nous demande toujours une tête bien faite ». Selon Mme Ibrahimi, des profils de ce genre on se les arrache sur le marché de l’emploi parce qu’on trouve en fin de compte que tous les profils formés dans le système public se ressemblent, comme le confirme Cherif Belfkih, Vice-Président d’Al Akhawayn University.

Ce pédagogue qui a passé dix ans dans la prodigieuse université d’Ifrane déclare qu’en tant que recruteur, il s’intéresse surtout aux personnes qui ont fait des activités parascolaires, « ce sont elles qui font la différence et c’est ce que les anciens lauréats de l’université Al Akhawayn conseillent aux étudiants », a dit M. Belfkih lors du forum.

Ces activités-là, selon Belfkih, sont celles qui forgent le sens de la créativité et de l’imagination chez l’étudiant, chose qui est sacrifiée malheureusement par l’enseignement actuel.

De ce fait, « Nos étudiants sont très mal placés (…) et la majorité d’eux, élèves, collégiens et lycéens, ne sont pas du tout préparés à vivre dans un monde global », lance amèrement Soumaya Naâmane Guessous.

Comment les qualifier alors pour atteindre la performance ? « Il faut d’abord développer le préscolaire parce qu’il a été prouvé que lorsqu’un enfant fait le pré maternelle, il est plus éveillé. Il ne faut pas attendre que l’enfant ait 7, 8 ou 9 ans pour l’emmener à l’école. Ensuite il faut que l’enseignement soit basé sur des matières qui développent la curiosité et l’éveil de l’enfant. Il faut que les professeurs leurs apprennent à dialoguer avec eux », déclare la sociologue.

Côté enseignants, il faut qu’ils s’adaptent aux exigences du troisième millénaire et que l’élève ait la possibilité de dialoguer avec le professeur, de lui poser des questions, de critiquer, d’argumenter…. Et surtout, «il faut non seulement changer les supports pédagogiques, mais il faut s’ouvrir à d’autres disciplines d’éveil et reformer les enseignants marocains qui sont généralement un obstacle réel au développement », conclut-elle.

Houria Ben Moussa
Menara



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