Pillage du patrimoine matériel national : Une atteinte grave à la souveraineté culturelle du Royaume

Date 16-03-2009 00:23:11 | Sujet : Culture & Divertissement

Le pillage des richesses du patrimoine matériel national et leur trafic vers d’autres cieux constitue «une atteinte grave à la souveraineté culturelle nationale et un affaiblissement de notre patrimoine culturel et de notre identité nationale», a affirmé vendredi Ahmed Boukous, recteur de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM).

Dans un entretien à la MAP, en marge d’un colloque international sur «la préservation et la valorisation du patrimoine culturel matériel de la région de Souss- Massa- Draa», M. Boukous a souligné qu’il «existe certains trafiquants étrangers spécialisés qui s’adonnent à cette activité illicite pour des raisons purement commerciales, parfois soutenus, malheureusement, par des nationaux qui leur accordent toute l’aide nécessaire».
Il a cité, dans ce sens, l’exemple des gravures rupestres présentes dans nombre de régions du Royaume, en l’occurrence la région de Tinzouline dans le sud-est marocain et qui ne cessent de faire l’objet de fouilles anarchiques, estimant que face à cette situation, il est possible pour tout un chacun de se procurer des pièces gravées, dont l’histoire remonte à des milliers d’années.

«Ce genre de comportement est inacceptable sous n’importe quel prétexte», a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de prendre des mesures concrètes pour la préservation du patrimoine matériel national contre ces opérations de pillage qui ne font qu’affaiblir le capital patrimonial et identitaire national et, en contrepartie, enrichir les musées étrangers.

Et de poursuivre que compte tenu de la valeur historique et civilisationnelle de ce patrimoine, sa préservation et sa protection relève, désormais, des missions confiées aux institutions et collectivités locales, à différents niveaux, mais aussi de la responsabilité de tout un chacun parmi les citoyens.

Selon M. Boukous, les thématiques abordées lors de ce colloque international, qui se poursuivra jusqu’au 14 courant, M. Boukous a fait savoir qu’elles sont de nature à attirer l’attention des participants sur la valeur matérielle et morale du patrimoine matériel national qui, a-t-il dit, n’a pas de prix.

Il a, à cet égard, formé le vœu de voir les participants à ce rendez-vous scientifique et culturel d’envergure, parvenir à élaborer des recommandations pratiques, à soumettre ultérieurement aux parties compétentes à prendre des mesures en matière de préservation de ce patrimoine.

Et d’assurer qu’il n’est pas suffisant uniquement de préserver le patrimoine matériel national, mais encore faut-il le valoriser et le redéployer dans le cadre d’une vision stratégique destinée, entre autres, à réaliser un développement humain durable.

Il a, dans ce contexte, mis en lumière les efforts déployés par l’IRCAM en partenariat avec le Conseil de la Région de Souss-Massa-Draa et l’Université Ibn Zohr d’Agadir, notant que ces trois institutions ont déjà été inscrites dans un plan d’action à forte dimension stratégique et globale visant la réalisation d’un développement régional cohérent et intégrant les dimensions économique, sociale, culturelle, environnementale et scientifique.

Concernant l’importance du Colloque d’Agadir dans le cadre de ce processus de développement, M. Boukous a indiqué que la région de Souss-Massa-Draa recèle des potentialités culturelles matérielles riches et diversifiées, estimant que cette rencontre, rehaussée par la participation d’une pléiade d’experts et chercheurs marocains et étrangers de renommée, constitue une première étape pour connaître au mieux ce patrimoine culturel matériel et pour attirer l’attention sur son importance, ainsi que sur le rôle qu’il peut jouer dans la réalisation d’un développement durable soutenu.

L’intérêt porté au capital patrimonial national, par le passé, s’est focalisé, en premier lieu, sur le patrimoine culturel immatériel (poésie, nouvelle, proverbes...), a-t-il rappelé, faisant observer que le colloque d’Agadir est de nature à créer un certain équilibre entre l’intérêt porté à ce patrimoine et ce, dans ses deux volets matériel et immatériel.

«Cette attention particulière pour le patrimoine est de nature également à découvrir les savoir-faire et les expertises technologiques traditionnelles dont faisaient montre nos ancêtres, lesquels sont rares dans d’autres sociétés», a dit M. Boukous, citant à titre d’exemple l’art architectural traditionnel dans le sud- est du Royaume tel qu’illustré à travers nombre de palais et de Kasbah, dont certains sont classés patrimoine de l’humanité.

Ce genre d’édifices présente plusieurs caractéristiques spécifiques notamment, par référence aux techniques et matières premières utilisées, a-t-il poursuivi, notant que compte tenu de la valeur historique et symbolique de ces édifices, il serait souhaitable de se focaliser sur les techniques utilisées et de les développer, en vue de leur adaptation à l’esprit du présent.

La réalisation de cette ambition se veut l’objectif principal de l’organisation de ce colloque international à Agadir ainsi que d’autres rencontres similaires, a souligné M. Boukous qui s’est dit convaincu que la préservation et la valorisation du patrimoine ne se limitent pas uniquement à sa connaissance approfondie et à sa classification au sein des musées, mais dépasse ce cadre étroit pour s’étendre à son développement et à son déploiement en vue de la réalisation du développement durable escompté.

Hassan Hermas
Al Bayane



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