Carnaval d'Achoura ou la nuit la plus festive de Goulmima

Date 28-12-2009 20:14:16 | Sujet : Culture & Divertissement

La fête d'Achoura revêt un goût particulier à Goulmima (66 km au sud d'Errachidia) avec son carnaval qui a fait revivre, ce weekend, la ville aux rythmes et aux déguisement de cette tradition symbolique de portée culturelle et significative.

La population persiste ainsi à célébrer et à pérenniser une tradition judéo-berbère séculaire. Chacun y va de son potentiel créatif : la m dajorité des masques est confectionnée sur place à base de peau de moutons et de chèvres. Les préparatifs ont lieu quelques jours avant le carnaval. La troupe d'Addi, artiste sculpteur habitant le Ksar de Goulmima, prend cette année le devant de la scène. Ses membres s'entraînent intensément au Mellah, lieu chargé d'histoire abritant depuis le 18-ème siècle des familles judéo-berbères.
"Notre objectif n'est autre que de pérenniser cette coutume ancestrale et semer la joie parmi les Iguelmimen, en attendant que les festivités du carnaval soient prises en compte par les instances compétentes", lance Addi, dans un joli code-switching alternant le français, l'amazigh et le dialecte marocain.

Portant une trempette bronzée, ce quadragénaire ajoute qu'"il est important d'ériger cette festivité en un rendez-vous phare, afin de promouvoir le tourisme dans la région".

Inondée dès le début de la soirée par une foule en liesse, "Inourir", la place centrale du Ksar, a été investie par les habitants parés de masques sont difficilement reconnaissables. L'on s'habille de costumes de toutes les couleurs, et l'on porte des "objets" plus ou moins bizarres. Une véritable parade au devant la porte du Ksar dont une grande partie vient d'être retapée.

Dans cette ambiance bon enfant qui dure jusqu'à une heure tardive, le spectacle est varié. Des "one man shows" ainsi que des parodies collectives sont jouées sans organisation aucune, sinon spontanée.

La liberté du ton est grandement tolérée. Chacun s'exprime sur les sujets qui lui tiennent à coeur. Quelques exagérations sont possibles, mais c'est juste l'exception qui confirme la règle. Le public de tous les âges se mêle aux protagonistes. Certains essayent de reconnaître les leurs, grâce à leur voix, leur taille ou un signe quelconque. Rares ceux qui réussissent, tellement le déguisement est quasi-parfait.

Les principaux protagonistes célébrés lors de l'Achoura sont Moshé, "Moise" chez les juifs, symbolisant le pouvoir d'un côté et "Biha", femme signe de beauté et de richesse. Un seul refrain revient dans tous les chants : "Oh eaux d'Iguelmimen coulez assez fort, et permettez aux jeunes d'abreuver leurs poulaines". Le troisième personnage est "Ahezzan" chargé de faire rire la foule, c'est en quelque sorte le clown de la cérémonie.

Le Carnaval attire aussi les habitants des douars voisins, plusieurs visiteurs nationaux et même internationaux. Parmi eux des fidèles, tel ce fils du terroir, Ali Karach, programmant toujours son congé en cette période d'Achoura.

"Je viens de Belgique pour participer au carnaval, et je n'ai bien évidemment pas oublié mon masque préféré, les autres accessoires sont disponibles sur place", dit ce quinquagénaire, déguisé en vieil homme bossu.

Outre le carnaval, les fêtes d'Achoura offrent aux enfants une place de choix. Après avoir reçus le "taklout", sorte de panier en palmes contenant du couscous, un oeuf dur et un morceau de viande séchée, garçons et filles font le tour des étroites ruelles d'un ksar abritant près de quatre cent familles, demandant la baraka d'Achoura.

Les gens de Goulmima préservent aussi le traditionnel couscous en viande séchée (kourdas) préparé pour le dîner.

"D'emblée, les étrangers sont avertis que tous les foyers servent très tôt le dîner, pour se vaquer aux festivités", fait préciser Rabha, l'une des femmes qui aiment également se déguiser, contrairement à la coutume.

Certes, la tradition veut également que la fête d'Achoura comprenne également des jours de mensonge toléré, de R'ba (abstinence d'approcher les stocks et d'asperger les autres) et de la Baraka (aumône, dons). Mais, c'est, bel et bien, la nuit du carnaval qui reste la plus vivante, la plus festive et la plus longue.

MAPF



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