"Les Etoiles de Sidi Moumen" de Nabil Ayouch reconstitue l'histoire des événements du 16 mai 2003

Date 24-05-2010 21:03:08 | Sujet : Culture & Divertissement

Le film marocain "Les Etoiles de Sidi Moumen", dont le tournage est prévu en mars prochain, apporte un nouveau regard sur les attentats de Casablanca (mai 2003), à travers l'histoire de leurs auteurs, "eux-mêmes des victimes" mais "souvent occultées" au vu de l'atrocité de leurs actes, selon son réalisateur Nabil Ayouch.

"C'est une tentative de comprendre et non d'excuser le terrorisme", a indiqué le cinéaste dont le projet, présenté pour la première fois à Cannes (12-23 mai), propose d'aller à la rencontre des kamikazes et leurs familles et à la découverte de leur vie dans le quartier où ils ont grandi, "Sidi Moumen".
Ce long métrage est le seul projet arabe figurant cette année dans la sélection de la Cinéfondation du Festival international de cinéma de Cannes qui a pris fin dimanche à Cannes. Elle comptait une quinzaine de scénarios retenus pour "leur qualité artistique" en vue d'une mise en contact avec les professionnels susceptibles de contribuer au financement (producteurs, distributeurs, fonds d'aide).

"Loin de faire l'apologie du terrorisme", Nabil Ayouch cherche, à travers ce film, à "comprendre comment cinq enfants normaux, capables d'amitié, d'amour, avec une famille (pour la plupart), vont, à un moment ou à un autre de leur vie, avoir une trajectoire qui va les amener à l'acte atroce qu'ils ont commis".

Pour le cinéaste, ils sont d'abord des victimes car ils ont fait l'objet d'"une exploitation et surtout une manipulation de leur misère, de leur ignorance, de leur manque d'éducation" par les islamistes qui "détournent la religion pour détourner les esprits".

"Les Etoiles de Sidi Moumen" est une adaptation au grand écran d'un roman du même titre de l'écrivain Mahi Binebine, une fiction relatant l'histoire des auteurs des attentats de Casablanca, tous issus du même bidonville de Sidi Moumen.

Nabil Ayouch en avait acquis les droits d'auteur "avant même sa sortie" en début d'année en France, et qui depuis, a rencontré un grand succès, raflant notamment le Prix du roman arabe.

Le film reste fidèle au roman d'ailleurs. On y retrouve les mêmes personnages, les mêmes noms, les mêmes lieux de déroulement des événements, avec "toutefois un changement majeur". La cinéaste a dû abandonner la voix off, principale caractéristique du roman de Binebine. Celui-ci est écrit à la première personne, le narrateur de la fiction étant mort.

Cette démarche se prête difficilement à une adaptation pour un film, a expliqué Ayouch. Il a pourtant gardé le jeune kamikaze Yassine comme personnage central du film avec comme fil conducteur, sa forte relation avec son frère Hamid, premier à être embrigadé pour commettre des actes terroristes. C'est lui qui a entraîné par la suite Yassine et ses amis sur la voie du terrorisme.

Comme dans le roman, le film commence par une scène où Hamid vient à la rescousse de son frère après l'avoir vu se disputer avec un de ses amis dans la décharge de Sidi Moumen.

La dispute tourne au meurtre et le corps du copain sera enterré dans cette décharge. Cet espace faisait office de terrain de foot pour Yassine et ses amis alors qu'ils étaient enfants avant de sombrer plus tard dans le terrorisme. "Les Etoiles de Sidi Moumen" est le nom de leur équipe.

Casting à Sidi Moumen.

Quant au casting, le cinéaste prévient d'ores et déjà qu'il ne faut pas s'attendre à voir des noms connus. Privilégiant "le réalisme", il veut impliquer la population de Sidi Moumen à ce projet et partant, à "la construction de leur image".

Comme dans son film "Ali Zaoua", il compte faire jouer des enfants et jeunes ayant vécu la même situation de précarité que les héros de sa fiction. De même, l'essentiel du tournage est prévu dans ce quartier.

Ayouch a déjà entamé les castings sur place à la recherche de ses "Etoiles de Sidi Moumen". Son engagement auprès de la population du quartier, le pousse à aller même plus loin avec l'ambition de créer là-bas une école du cinéma et des arts pour leur permettre de s'exprimer et de se faire connaître auprès de milliers de Marocains qui ignorent tout de la vie dans ce quartier, loin de l'image "négative" attribuée par les médias.

"J'aimerai qu'il reste une trace de ce film après le tournage et qu'il puisse aider les gens du quartier à prendre conscience et, avec eux, le reste de la population", a dit Ayouch.

Côté financement, le cinéaste, également producteur du film, a déjà rassemblé 1,5 million d'euros et se dit optimiste de trouver la somme nécessaire pour boucler le budget du film fixé à 2,5 millions d'euros.

"Nous avons reçu, lors du festival, des offres intéressantes de coproduction et de distribution, belges, allemandes, canadiennes et même mexicaines, dont certaines ont été concrétisées alors que d'autres sont à l'étude", a-t-il précisé.

Le réalisateur avoue avoir décliné certaines offres émanant de professionnels qui exigeaient que la somme apportée soit dépensées dans leurs pays d'origine ou le recours à au moins un des acteurs, ce qui est contraire à son souhait de faire un film "réaliste et naturaliste".

En France, le film a notamment acquis le soutien des chaînes Canal+ et de CinéCinéma.

Au Maroc, il est appuyé par le Centre cinématographique marocain (CCM) et la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT).


MAP



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