Timitar pour la découverte de nouveaux artistes

Date 09-07-2010 01:30:00 | Sujet : Actualité Agadir et région

Interview avec Fatim-Zahra Ammor, Directrice du Festival Timitar

Grâce au travail et à l'acharnement des organisateurs du festival Timitar, cette manifestation est devenue le rendez-vous incontournable de la région du Souss Massa Drâa. Avec sa directrice, nous revenons sur les fondements d'un concept singulier et sur les secrets d'un événement à grand succès.


Le Matin : Pensez-vous que vous parvenez à équilibrer la difficile équation de promouvoir la culture amazighe, vieille de plusieurs décennies, tout en vous inscrivant dans le présent et en vous projetant dans l'avenir de cette culture

Fatim-Zahra Ammor : Je crois que c'est exactement la vocation et l'esprit de Timitar. Nous faisons la promotion de la culture amazighe bien sûr, mais nous mettons aussi en avant l'ouverture de cette culture sur le monde. Un festival c'est d'abord un espace d'échange, que ce soit sur scène ou face au public, ou en backstage entre les différents artistes.
Au fil des années, concocter un programme toujours aussi attrayant devient de plus en plus difficile. Quels sont les critères de choix auxquels vous ne renoncez jamais pour garder un bon niveau ?

En fait, tous nos artistes, connus et moins connus, respectent la ligne éditoriale que s'est fixé le festival depuis 7 ans. Nous essayons d'avoir plusieurs têtes d'affiches qui vont donner envie aux gens de se déplacer sur les scènes d'Agadir, mais en même temps, nous tenons absolument à faire découvrir de nouveaux artistes et de nouvelles voix au public de Timitar. Ici, on ne se limite pas à un artiste par scène. Les spectacles s'enchainent sur chaque scène, ce qui fait qu'on peut venir pour un artiste, et on en découvre d'autres. C'est ça la magie de Timitar.

Quelle est la nouveauté de l'édition 2010 ?

Cette année, nous accueillons Ali Campbell (la voix de UB 40) qui fait une carrière en solo depuis quelques années, et qui se produit pour la première fois sur le continent Africain. Nous recevons également le Jamaïcain Julian Marley, qui reprendra, en plus de ses titres, une partie du répertoire de son père Bob Marley. Nous accueillons pour la première fois la chanteuse Oum, ainsi que la chanteuse franco -marocaine Hindi Zahra qui fait actuellement fureur en France, notamment avec son titre Tango. Faudel va se produire également à Timitar avec son nouvel album, ainsi que la magnifique chanteuse Tchadienne Mounira Mitchala. Une des nouveautés également de Timitar, c'est le retour de Izenzaren, qui va nous révéler son premier album après 20 d'absence. Enfin, nous accueillons pour la 3e fois le groupe mythique Oudaden, qui va nous régaler avec une fusion avec des musiciens étrangers.

Est-ce que les ressources financières qu'on met à la disposition du festival sont à la hauteur de ses ambitions ?

Le budget de Timitar est d'environ 12 MDH en numéraire chaque année, en dehors de toutes les aides en nature dont nous bénéficions. Nous essayons de donner un maximum de plaisir au public à un cout raisonnable. Nous ne faisons pas de surenchère car nous n'essayons pas de ramener des artistes « forcément à la mode » ou des artistes de variété. Nous essayons au contraire de faire découvrir au public de vraies stars au sens musical du terme et non au sens marketing du terme. En parallèle, nous sommes énormément aidés par la Ville, les hôteliers, les transporteurs, la RAM, ce qui fait que nous pouvons consacrer la majeure partie du budget à la programmation artistique à proprement parler. C'est grâce à cela que la programmation est toujours de très grande qualité et j'invite vraiment tous les amoureux de la musique à se joindre à nous jusqu'au 10 juillet à Agadir !

De 2004 à aujourd'hui, comment le festival est-il parvenu à sauvegarder son esprit ?

Tout d'abord, c'est la même équipe qui travaille sur le Festival depuis 7 ans. Il y a donc une continuité qui permet d'assurer une cohérence année après année. Par ailleurs, nous faisons très attention à ne pas nous éloigner du canevas de programmation que nous nous sommes fixés depuis le début. Vous trouverez toujours dans notre programme des groupes d'Awaches, des Rways et Rayssates, des musiques orientales (notamment du Rai), des artistes marocains résidant à l'étranger, des musiques du monde (Amérique latine, Asie, etc…), des artistes de la scène actuelle marocaine ou du monde, des musiques du désert, et quelques créations uniques.

De quelle manière pensez-vous tirer profit de 'ouverture de l'autoroute Marrakech-Agadir ?

L'autoroute va clairement désenclaver la ville d'Agadir et donc permettre à plusieurs personnes de venir au Festival. Jusque là, les gens de Casa ou Rabat par exemple qui voulaient assister à Timitar devaient non seulement pouvoir se payer le billet d'avion, mais surtout s'organiser bien à l'avance pour trouver une place, en cette saison. Ils pourront maintenant décider de prendre la route le lendemain. Quant aux Marrakchis, ils pourraient presque venir passer la soirée et repartir !

Quel bilan faites-vous du festival ?

Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, 7 ans, c'est l'âge de raison. Nous avons prouvé qu'Agadir pouvait avoir son Festival, et non des moindres. Timitar est un incontournable aujourd'hui de la scène marocaine, au même titre que Gnaoua d'Essaouira, ou les musiques sacrées de Fès. Nous accueillons chaque année entre 500.000 et 1 million de spectateurs.

Comment voyez-vous l'évolution de cette manifestation, pour qu'elle garde toujours son rayonnement?

Nous travaillons de plus en plus sur le volet média, non seulement au niveau national et international. Cette année, nous accueillons près de 300 journalistes, car nous sommes conscients qu'avoir un bon produit, c'est bien, mais qu'il faut bien le relayer ensuite. Timitar va faire connaitre encore plus la ville d'Agadir et son impact finira par être plus tangible.

Jusque là le festival se limite à la musique. Ne projette-t-il pas de s'ouvrir à d'autres formes d'arts pour s'enrichir ?

Certaines années, nous programmons dans le cadre du festival off certaines manifestions non musicales, notamment des pièces de théâtre ou des colloques autour de la culture amazigh ou de grands artistes amazighs. Tout est question de budget cependant. Cette année, on a investi le plus sur les scènes musicales.

LE MATIN



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