Longtemps taboue, l'identité berbère débattue au grand jour en Libye

Date 23-08-2007 20:51:47 | Sujet : Actualité Mondiale

Longtemps marginalisée, la minorité berbère de Libye bénéficie depuis peu de toute l'attention des autorités et plaide désormais au grand jour la reconnaissance de son identité, un sujet resté tabou durant 37 ans.

Les Amazighs, "hommes libres" en berbère, représentent 10% de la population libyenne et vivent notamment sur les hauteurs des montagnes à l'ouest de Tripoli ou, comme les Touareg, dans le sud désertique du pays.
Ils réclament la reconnaissance de leur identité culturelle et linguistique et dénoncent leur marginalisation depuis l'avènement de la révolution libyenne en 1969 et l'accession au pouvoir du colonel Mouammar Kadhafi qui entendait développer une politique basée sur le panarabisme.

En mars dernier, celui-ci avait nié de nouveau toute existence d'une minorité amazighe en Libye, menaçant d'"éradiquer ceux qui veulent répandre le poison du colonialisme".

Quelques mois plus tard, fait inédit, les autorités libyennes convient les 14 et 15 août dans un grand hôtel de Tripoli des chercheurs et militants berbères pour débattre de l'"amazighité" en Libye "entre authenticité et modernité".

Le président du Congrès mondial amazigh, Belkacem Lounés, salue "une première initiative et un pas courageux pour débattre d'un sujet d'extrême importance pour tous les Libyens".

Le chercheur amazigh libyen Chichank Issa précise de son côté que "l'amazaghité en Libye était une ligne rouge à ne pas franchir".

"Nous pouvons maintenant lever le voile sur l'histoire des Amazighs en Libye et prouver que nous étions ici depuis des milliers d'années et que la vie en Libye avait bien commencé avant l'arrivée des Arabes", se félicite-t-il.

La reconnaissance de l'identité et de la langue berbères sont au centre des revendications des populations amazighes en Libye qui réclament également la réécriture de l'histoire nationale en "respect aux figures historiques et à l'héritage culturel" berbères.

Deux jours après l'ouverture du débat, le Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi s'est rendu à Jebel Gharbi, fief des Berbères en Libye, à 300 km à l'ouest de Tripoli, pour poser la première pierre d'une cimenterie et pour relancer un grand projet immobilier gelé depuis le début des années 1990.

Seif Al-Islam, le fils du dirigeant libyen, y a inauguré le lendemain une centrale électrique et un immense réservoir d'eau culminant à 860 mètres d'altitude et alimenté par le "grand fleuve artificiel" qui transporte l’eau des nappes phréatiques du sud vers la zone côtière, par le biais de canalisations géantes.

Les deux projets d'un coût total de plus de 400 millions d'euros, devraient permettre l'amélioration des conditions de vie des habitants de cette région enclavée au relief accidenté, qui pratiquent essentiellement l'agriculture dans les plaines au pied de la montagne de Jebal Gharbi.

Chevaux, musique et danse berbères étaient au menu des festivités accompagnant la cérémonie d'inauguration de ces projets, en hommage à Seif Al-Islam qui plaide depuis quelques années la cause amazighe par le biais de la Fondation Kadhafi qu'il préside.

Cette association avait obtenu en 2006 la levée d'une mesure datant de 1970 et interdisant les noms amazighs, après avoir dénoncé "une agression qui ne peut pas passer sous silence".

Les population amazighe, estimée à 26 millions de personnes, est une ethnie autochtone d'Afrique du Nord. Elle est répartie sur près de cinq millions de kilomètres carrés depuis le Maroc jusqu'à l'Ouest de l'Egypte en différents groupes de culture mais de langue commune (le berbère ou tamazight).

MAP



Cet article provient de AgadirInou.Com - Le Portail de la ville d'Agadir et de ses Régions
http://www.agadirinou.com

L'adresse de cet article est :
http://www.agadirinou.com/modules/news/article.php?storyid=635