A la morgue de Marrakech, la "haine" de Moustafa après la mort de son frère

Date 30-04-2011 12:28:20 | Sujet : Actualité Maroc

Moustafa Bouzidi est effondré. Il vient de reconnaître à la morgue de Marrakech le corps de Yacine, son petit frère de 32 ans, décédé la veille dans un attentat meurtrier perpétré au café Argana où il travaillait.

"Je ressens de la haine, de l'injustice. On se dit +ça n'arrive qu'aux autres+ et puis finalement ça nous arrive", confie sur un ton résigné ce Marocain de 36 ans, qui n'a pas fermé l'oeil depuis l'annonce la veille de la mort son frère.
"J'ai tout de suite eu peur quand j'ai entendu le nom du café mais je me suis dit +non il n'est pas mort, il est peut être seulement amputé+".

Quelques heures plus tard, ses pires présages sont confirmés. "J'étais dans tous mes états, tremblant, très angoissé", confie le jeune homme vêtu de noir.

Il fait très vite ses valises et quitte la ville française de Bordeaux, où il habite, pour retrouver au plus vite le corps de son frère et sa famille restée au Maroc.

"C'était un garçon bien, calme", se souvient Moustafa, qui avait vu Yacine pour la dernière fois il y a huit mois, juste au moment où il avait été embauché au café Argana, un établissement emblématique de la place Jamâa El-Fna, dans la medina de Marrakech, visé jeudi par un attentat qui a tué 15 personnes au total.

"Il était très content de son nouveau travail, son patron voulait l'embaucher définitivement, il avait enfin une situation stable", raconte Moustafa, qui cache son émotion derrière de grandes lunettes de soleil.
Yacine laisse "une femme, enceinte de quatre mois, et une fille de sept ans". "Elles n'ont pas de ressources. Je fais confiance au gouvernement marocain pour nous aider", ajoute Moustafa.

Non loin de l'entrée de la morgue aux murs ocres, surmontée d'un écriteau "Communauté urbaine, bureau d'hygiène", les visages des quelques proches et nombreux badauds, Marocains pour l'essentiel, sont tous fermés et dégagent une émotion tout en retenue.

Un homme d'une soixantaine d'année confie, la voix tremblante, avoir subi un "choc dans le coeur" à l'annonce du décès de son frère de 51 ans, un professeur d'arabe originaire de Casablanca, qui était en vacances à Marrakech.

Un peu plus loin, un Français enfourche sa bicyclette. Ce propriétaire d'un riad, très ému, vient de reconnaître le corps d'un de ses clients, qui figure parmi les touristes étrangers tués jeudi.
La camionnette de la police scientifique fait des allers retours. Des agents de sécurité et policiers montent la garde à l'entrée de la morgue qui abrite aussi les corps de toute les victimes étrangères de l'attentat, dans l'attente de leur rapatriement.

"Tout cela est très injuste pour le Maroc, notre pays est si calme", soupire Hassan, un étudiant de 18 ans, habitant du quartier. "Cela nous touche tous", renchérit Simon, 34 ans, serveur dans un café de la place Jamâa El-Fna.
AFP



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