Actualité Agadir et région: Agadir : Le commerce indigne des habitations insalubres

Posté par: Visiteursur 31-10-2007 19:41:36 2740 lectures Il semble bien que la réaction énergique du souverain lors d’une récente visite dans la capitale du Souss a finalement servi à quelque chose. Dans plusieurs points de la ville où se propagent des unités bidonviloises depuis des lustres, la machine de la démolition a fait irruption dans les lieux insalubres et rabat ses tentacules sur les constructions anarchiques.

Des ripostes acharnées ont naturellement précédé ces grosses opérations d’anéantissement de la part des résidents indignés et abattus par ces destructions à grande échelle. Des hurlements, des gémissements voire des évanouissements ont accompagné ces actes en présence d’une armada des forces publiques qui s’interposaient devant les logis en décombres. Les scènes despotiques rappellent les assauts massifs des occupants en Cisjordanie. En fait, les instructions sont formelles et il ne peut y avoir nulle concession.


Certes, ces campagnes d’assainissement ne peuvent être que conformes au développement urbanistique dont les retombées sont à même de sceller une nouvelle approche en parfait respect des normes requises.

Cependant, il y a lieu de déplorer cette situation qui a continuellement empiré à cause des comportements cyniques des agents de l’Autorité durant des années à l’égard des populations en quête d’habitations, indécentes soient elles. En effet, la prolifération des bidonvilles ne saurait prendre ces ampleurs aussi scandaleuses si les autorités toutes compétences confondues ne l’avaient pas encouragée, moyennant des tarifications selon les têtes des clients se trouvant à la merci de ces corruptions consenties au su et au vu de tout le monde. Partout dans la ville, la propagation des bidonvilles ou des constructions illicites ne pourrait échapper à l’œil «vigilant» des agents de l’Autorité qui veillent au grain, même dans les plus reculés des recoins. Mais, comme le marché des masures érigées par-ci et par-là est particulièrement juteux, les autorités des plus petits aux plus grands s’adonnent éperdument à cette spéculation urbanistique qui entache le divers douar bidonvillois monté de toutes pièces, à Aghroud du côté de Bensergao, à Zeraib en pleine décharge publique, à Anza où le phénomène est monstrueux.

Punir les vrais coupables
Devant toutes ces attitudes de démission démesurée et de soudoiement flagrant, faut-il maintenant sanctionner exclusivement les citoyens qui se voient leurrer par la trahison révoltante des autorités munies, actuellement, des engins de destruction des taudis dont elles avaient publiquement permis l’illicéité auparavant à coups de milliers de dirhams ? Ne faut-il pas ouvrir des enquêtes sérieuses à propos de ce dossier qui a longtemps jeté l’une des plus belles baies du monde dans le marécage de l’anarchie urbanistique la plus totale ? Pourquoi, donc se limiter à ces mesures de démolition qui, il est vrai, sont en passe de mettre un terme à ces insalubrités exaspérantes, et épargner ceux qui ont concouru volontairement à la mise en crise de l’habitat par leurs conduites corrompues et dévastatrices? Il serait vraiment injuste de recourir à ces manières fortes envers des populations qui sont délogées un beau matin et jetées dehors avec leurs effets comme des cafards, alors que les soudoyeurs continuent à évoluer dans l’impunité et, peut-être même, ils cherchent, dès maintenant, à trouver d’autres lieux où ils peuvent rééditer leurs abjectes manies. Lesquelles manies ont mis en place une culture bizarroïde dans les milieux bidonvillois, puisque dans un seul taudis, on recourt à la fragmentation de façon à permettre, d’une part la multiplication des bénéficiaires des lots dans les opérations de recasement et, d’autre part, l’ancrage et la pérennisation de ces habitations qui n’en finissent jamais. Toutes ces procédures malicieuses se font en coordination parfaite avec les agents de l’autorité qui en tirent, bien sûr, grand profit. C’est alors que, depuis des décennies, la ville est infestée de ce phénomène interminable qui devient, au fil du temps, un véritable rouage où s’investissent médiateurs, spéculateurs et «experts» en matière de bidonvilles, avec la complicité des agents de l’autorité. Il est bien évident, donc, que l’éradication de ce phénomène passe inéluctablement par la dénonciation de tous les acteurs de cet affreux engrenage dont les ficelles n’échappent guère à ceux qui ont longtemps mené et fait fleurir ce commerce indigne.

Al Bayane