ActualitĂ© Agadir et rĂ©gion: Agadir : Haro sur la pĂȘche illicite du poulpe

Posté par: Visiteursur 06-06-2008 00:04:47 2339 lectures · Institutionnels et opérateurs font la chasse aux trafiquants
· Treize cas devant la justice et cinq personnes arrĂȘtĂ©es


Les institutionnels font la chasse aux trafiquants de poulpe. Le 25 mai dernier Ă  Agadir, une commission de contrĂŽle composĂ©e de reprĂ©sentants de la wilaya et de la dĂ©lĂ©gation de la PĂȘche maritime, a saisi six tonnes de poulpe dans un camion. Selon le PV de saisie dont L’Economiste dĂ©tient une copie, le vĂ©hicule Ă©tait Ă  l’arrĂȘt dans un local non agrĂ©Ă© Ă  Tassila, la zone industrielle de la ville.


Le propriĂ©taire des lieux manipulait alors le produit et pour justifier sa quantitĂ© prĂ©senta un bon de pesĂ©e du site Amgriou au sud de Tarfaya. Mais le document dĂ©livrĂ© par l’Office national des pĂȘches ne signalait que 4.000 kg. Aussi, le concernĂ© a-t-il fourni pour justifier les deux autres tonnes un certificat vĂ©tĂ©rinaire portant le matricule d’un autre camion.

Le vĂ©tĂ©rinaire en charge du contrĂŽle a dĂ©cidĂ© dans ce cadre la saisie du produit et son entiĂšre destruction Ă  la halle d’Agadir. ParallĂšlement le dossier a Ă©tĂ© introduit en justice.

Cette affaire n’est pas la seule du genre ces derniers mois. De fait, de source ministĂ©rielle, treize dossiers de pĂȘche illicite de poulpe ont Ă©tĂ© introduits en justice par le dĂ©partement de tutelle et cinq personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es dans une affaire similaire. Face au phĂ©nomĂšne, les hommes de la mer ne sont pas Ă©galement indiffĂ©rents car de leur avis il y va de la prĂ©servation de la ressource. Selon Abderrahmane Lyazidi, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat national des officiers et marins de la pĂȘche hauturiĂšre, une plainte en justice a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par ce groupement de gens de la mer suite Ă  l’affaire du 25 mai. Par ailleurs, l’Association de propriĂ©taires des barques artisanales ainsi que l’Apapham (Association professionnelle des armateurs de la pĂȘche hauturiĂšre au Maroc) ont Ă©galement estĂ© en justice pour dĂ©noncer la situation. Ce que demandent en fait ces reprĂ©sentants de la profession, c’est une enquĂȘte sur la dĂ©livrance du bon de pesĂ©e de Amgriou.

Certes, actuellement la quantitĂ© identifiĂ©e de poulpe pĂȘchĂ© illicitement reste relativement faible par rapport aux 35.000 tonnes au quota global de la derniĂšre campagne (1er janvier Ă  fin avril 2008); elle est selon un institutionnel de 1 pour 1.000.
Mais beaucoup d’opĂ©rateurs se posent bien des questions sur les conditions de dĂ©livrance des bons de pesĂ©es non conformes aux marchandises traitĂ©es.

De l’avis de Lyazidi, pour estimer l’ampleur du trafic de poulpe, «il suffit de comparer la quantitĂ© pĂȘchĂ©e par les trois segments dans la zone de pĂȘche du poulpe et ce qui est exportĂ© et transite par l’Office des changes». A ce titre l’opĂ©rateur donne comme exemple la situation de l’annĂ©e 2006. Lors de cette annĂ©e, la quantitĂ© exportĂ©e a atteint 44.270 tonnes, alors que ce qui a Ă©tĂ© pĂȘchĂ© par les trois segments entre Cap Boujdour et Lagouira ne dĂ©passe pas 13.361,5 tonnes au cours de la mĂȘme pĂ©riode. D’oĂč provenaient donc les 30.909 tonnes Ă  l’export? Serait-il possible que la zone Nord du royaume soit plus fertile en poulpe, ou y avait-il une autre explication? Cela mĂ©rite rĂ©flexion.

Malika ALAMI
L'Ă©conomiste