Culture & Divertissement: Fès: Bab Al-Makina vibre aux rythmes des voix chrétiennes et musulmanes

Posté par: Visiteursur 09-06-2008 23:28:59 1241 lectures La prestigieuse place historique de Bab Al-Makina a vibré, dimanche en nocturne, aux rythmes de voix chrétiennes et musulmanes empreintes du sacré et du spirituel de la 14-ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde organisé sous le signe "Les voies de la création".

Les chorales chrétienne et musulmane représentées par le choeur byzantin Tropos d'Athènes (Kostantinos Angelidis) et l'ensemble Al-Kindi avec Sheikh Hamza Shakour ont réussi avec leurs chants, à entraîner l'assistance dans le coeur du "Machrek". Elles sont ainsi venues à Fès témoigner de leur engagement pour la paix et le dialogue entre les peuples.


Avec leur voix suave, les deux groupes ont gratifié un public connaisseur de leurs oeuvres présentées dans un rythme oriental agrémentées de touches styles purement soufies, à travers des parties intitulées "Hymnes à la sainte Vierge Marie", "Taqsim de Yayli" et Muwashah Diniye".

Considérés parmi les plus célèbres de leur génération, l'ensemble Al-Kindi et le choeur Byzantin Tropos d'Athènes se sont imposés sur les grandes scènes du monde arabe, de l'Opéra du Caire aux grands festivals.


Ce concert a réussi à mettre en parallèle deux traditions mystiques dont le dénominateur commun est non seulement le personnage emblématique de la vierge, mais aussi la parenthèse historique, géographique et stylistique du langage modal savant oriental, à savoir, l'Echo, la tradition monodique grecque byzantine d'Orient et le Maqâm, la tradition savante arabe.


Maqâms similaires, le diatonique doux "Exo Protos", connu sous le nom de Bayati Hussayni, la somptueuse tradition arabe de la Qaçida et du muwashah religieux en Syrie, ont alterner avec la riche hymnographie de l'église orthodoxe et les "Kratimas".


Dans les premiers siècles, la liturgie byzantine s'est tout d'abord élaborée à Antioche, ville qui faisait partie du Sham, qui incluait l'actuelle Syrie, le Liban et la Palestine. L'école d'Antioche était doublement marquée par ses apports gréco-romains mais surtout sémitique et mésopotamien.


L'art vocal byzantin s'est considérablement développé à Constantinople du temps de l'empire chrétien mais plus encore au 18ème siècle lors de l'apogée de l'empire Ottoman où sa similitude esthétique avec le "fesil" (suite profane de musique de Cour) et la liturgie du rituel des derviches Mevlevi est manifeste.


Considéré actuellement comme le plus grand chantre officiel de Syrie, Hamza Shakour dirige actuellement la chorale des munshiddins de la grande Mosquée de Damas lors des fêtes religieuses.


Disciple du grand hymnode Lycourgos Angelopoulos, Kostantinos Angelidis, fondateur du Choeur Byzantin Tropos, également chercheur et enseignant reconnu dans le domaine du chant byzantin, officie en tant que Protopsaltes -premier cantor- de l' Eglise de St Eustathius d'Athènes.


Dés le 9ème siècle, la musique arabo-musulmane a considérablement développé sa théorie musicale à partir des procédés de partage arithmétique de la quarte, hérités des philosophes de la Grèce antique, et adaptés aux exigences d'un art héritier lui même de la musique de cour perse de l'empire Sassanide.


La tradition damascène est restée, malgré son intégration dans l'empire ottoman, fidèle à une esthétique arabo-moyen-orientale du fait de sa centralité symbolique sur le plan de l'Islam, en particulier sur le plan de l'intonation des maqamats.


Des grandes stars continuent jusqu'au 14 juin d'offrir des florilèges de leurs plus beaux chants sacrés dans le cadre des actes de ce festival qui vise entre autres, à promouvoir le dialogue des spiritualités à travers la musique et la création d'une culture de paix favorisée par une mondialisation plurielle, respectueuse des valeurs éthiques et spirituelles.

MAP