Actualité Agadir et région: Tension avec les opérateurs de Souss-Massa-Drâa

Posté par: Visiteursur 21-06-2008 00:39:21 1560 lectures La RAM peine à desservir Agadir

La tension perdure entre la RAM et les professionnels du tourisme de la région Souss-Massa-Drâa, faisant ainsi perdre des recettes substantielles en termes d’arrivées et de nuitées vers les destinations Agadir et Ouarzazate. La crise est arrivée à un stade où la RAM joue systématiquement la politique du siège vide à toutes les réunions à caractère officiel (session normale du conseil régional, conseil d’administration du CRT…). Les conséquences de cette situation, c’est un recul préjudiciable à l’économie du secteur touristique dans la région et un sérieux pied de nez qui assombrit un peu plus la vision des 10 millions de touristes en fin de décennie comme le veut la stratégie nationale du tourisme.


La RAM change de comportement et se retire des conventions signées avec les différents organismes touristiques de la région : suppression de plusieurs vols à destination de la région, réduction des vols, révision à la hausse des tarifs de vol (de 7000 dhs, le billet Paris-Agadir vole à 17000 dhs ; le prix du billet Casa-Agadir et Casa-Ouarzazate a triplé pour atteindre respectivement 3000dhs et 2600dhs). L’impact de ces révisions des tarifs et réductions des vols, en plus d’autres facteurs, se traduit par un taux d’occupation ne dépassant pas les 8,77% pendant les quatre premiers mois de l’année en cours. Les nuitées ont enregistré un recul de 13% par rapport à la même période en 2007. Si pour certains, le mois de mai a enregistré une augmentation en termes d’arrivées (+6,85%) et nuitées (+4,68%) par rapport à 2007, c’est exceptionnellement grâce au séjour à Agadir, d’un prince saoudien (Arabie Saoudite, marché en augmentation durant le mois de mai : arrivées 185,05%, 281,84%).

Il est évident que la RAM ne peut être la seule responsable de ces contre- performances (marchés en baisse durant le mois de mai : Italie : arrivées -12.35%, nuitées +2.26% ; Grande-Bretagne : arrivées -26.01%, nuitées -33.02% ; Belgique : arrivées -25.25%, nuitées -21.83% ; Suisse : arrivées -21.55%, nuitées -38.34%). La tendance à la baisse d’un secteur qui n’a cessé de supporter une industrie touristique en constant progrès est à imputer aussi à la facture énergétique qui menace l’équilibre de la compagnie, aux chantiers de la promenade d’Agadir, à la mauvaise coordination avec les tour- opérateurs, au déficit au niveau de la promotion…Toutefois, la RAM en revoyant sa politique d’occupation de la destination SMD avec un esprit de retrait porte, cette année, un sérieux coup à l’économie touristique de la région, jugée de « perdue » par des experts du métier qui tablent maintenant sur le tourisme national pour sauver ce qui peut l’être.

En refusant de se conformer aux termes des conventions cosignées, et en refusant d’en signer d’autres, la RAM persiste dans son intransigeance à sens unique.

Les services de la compagnie aérienne nationale ne sont pas favorables à la destination Ouarzazate : les vols étant programmés très tard à l’arrivée et très tôt au départ. Le dénigrement, selon des élus, est allé encore plus loin quand la RAM a raccourci ses contributions destinées à la promotion touristique de la destination SMD (octroi de 20 à 25 billets gratuits au lieu de 40 par le passé comme contribution aux événements et manifestations culturelles et artistiques qui se tiennent à Agadir contre 200 à Fès…).

Parce que le tourisme est l’affaire de tous, des voix se sont élevées pour rappeler à la RAM ses engagements nationaux à se conformer au label « La RAM porte d’accès privilégiée vers le Maroc » pour être réellement en mesure d’offrir, comme l’a laissé entendre un jour A.Zouiten (DGA «Commerciale») « une ouverture privilégiée sur l’ensemble des régions du Maroc » sans aucune distinction.

La problématique de l’aérien au SMD compromet les attentes et objectifs de la destination Agadir et pour remonter les petites performances 2008, la RAM doit, en plus de renforcer ses liens de partage et de complémentarité avec la RSMD, s’ouvrir sur d’autres marchés porteurs et inaugurer des lignes aériennes directes Agadir/Moscou/Genève/Londres,réinstaurer des lignes intérieures Agadir/Marrakech/Ouarzazate à des prix raisonnables, rendre opérationnel l’aéroport de Zagora inauguré mais toujours sans trafic… Le potentiel touristique de la région en constant renforcement par de nouvelles unités d’accueil, de restauration et de plaisance, achevées ou en cours de construction, nécessite l’implication de tous les intervenants (élus, autorités locales, hôteliers, professionnels du métier, aéroports, douanes, RAM…) pour faire de la vision de 10 millions de touristes d’ici 2010 beaucoup plus qu’un défi, une réalité qui exige une synergie de tous les secteurs publics et privés pour un décollage effectif au service de l’industrie touristique du pays.

Noureddine Sallouk
Libération