Culture & Divertissement: Lecture : «Migrations, le rapport Alpha», Obsédé par le thème de l'errance, Henri-Michel Boccara lui dédie son nouveau livre

Posté par: Visiteursur 31-08-2008 01:59:44 1559 lectures Sorti il y a quelques mois aux éditions Senso Unico, «Migrations, le rapport Alpha» de Henri-Michel Boccara a déjà fait l'objet de signature par l'auteur à Marrakech, Rabat, Casablanca et prévu pour une autre, le 11 octobre à Agadir.

Ce dernier-né de H.M Boccara se présente comme une intrigue policière et une énigme polyméthaphysique où convergent des points de vue multiples sur une question unique : la migration. «Dans «Migrations», il y a certaines choses qui ne s'expliquent pas et restent dans l'interrogation. Et je tiens à ce que ces questionnements planent sur le lecteur lui-même pour donner un certain agrément au livre», explique l'auteur qui a toujours été fasciné par ce thème.


«Dans mes écrits, qu'ils soient des romans, des nouvelles ou des pièces théâtrales, il m'est arrivé de relater plusieurs centres d'intérêts.

Mais, le plus important pour moi est toujours celui de la migration. L'errance dans tous ses sens, que ce soit à travers les pays ou vers d'autres domaines de la pensée, la perte des repères habituels et l'exil vers les contrées de l'étrange ou l'imaginaire. C'est un sujet je j'ai suivi depuis le début de ma carrière d'écrivain, puisque mon premier roman est intitulé «Errance», puis s'en est suivi d'autres.

C'est toujours ce sujet basé sur le déplacement d'un point vers un autre, c'est-à-dire d'une situation difficile vers un espoir, qui me préoccupe», précise M. Boccara, ajoutant que ce livre rassemble en lui-même un certain nombre d'histoires et de récits sur la migration qui vont s'entrecouper par la suite. «C'est un ouvrage complexe, une sorte de puzzle qui succède à un livre précédent qui avait été extrêmement simple, linéaire «Le Plumier», dont le personnage principal m'a beaucoup impressionné. C'est pour cela que je l'ai intégré dans mon nouveau livre «Migrations».

C'est la clé des autres personnages. Je l'ai fait apparaître comme une créature fantomatique nommé Delta».

Le rapport Alpha mentionné dans le titre renvoie à la littérature policière, dont le journaliste Alpha est le pivot sur lequel vont tourner toutes les histoires des cinq migrants. Ainsi, cinq récits s'articulent autour du thème du livre «Migrations», où des bribes d'existences nous sont proposées en une partition dodécaphonique, voix de migrants, d'aujourd'hui ou d'hier, d'ici
ou d'ailleurs.

Fort peu de ces errants connaîtront une vie meilleure, un trop grand nombre en seront fracassés, et cette injustice, cette violence se déroulent sous nos yeux qui ne veulent pas voir et dans le silence le plus épais.

«On va aller d'une histoire vers l'autre en éclaircissant à chaque fois le récit de la migration par les différents points de vue permettant d'avoir une vision kaléidoscopique et totale».

Cette recherche très méticuleuse n'a pas une issue bien déterminée, mais sort toujours avec des points d'interrogation. «Les réponses aux problèmes de migration, nous en avons et en premier lieu celles socio-économiques, mais il n'y a
pas que ça.

Il y a un immense désir chez l'homme quel qu'il soit d'aller voir ailleurs.

Cette soif d'aller vers l'autre est motivée, généralement, par la curiosité d'en savoir plus. Moi-même je suis un migrant venant de plusieurs endroits à la fois. Et c'est peut-être ce souvenir-là qui me pousse à m'intéresser de plus près à ce sujet».

En dehors de ce dernier jet littéraire de M. Boccara, plusieurs autres romans ont déjà vu le jour, dont «Itinérances», «Traversées», «Le plumier», «Tunis-Goulette-Marsa», puis de recueils de nouvelles comme «La corde d'Anamer», «La pluie sur Aveiro» où l'auteur est toujours fidèle au sujet de la migration.
En effet, tant dans ses romans que dans son théâtre, les protagonistes sont souvent des êtres déplacés, migrants ou exilés, étrangers en fuite ou en rupture de liens, clandestins ballottés par l'histoire.
Des égarés que rien ne guide sinon leur immense soif de vivre.

Homme à multiples facettes

En dehors de sa renommée d'écrivain, Henri-Michel Boccara exerce en tant que médecin à la ville de Marrakech, sans pour autant laisser tomber sa première passion qu'est le théâtre.

«Lorsque je suis parti à Paris, c'était pour faire des études de lettres et d'autres cinématographiques, alors que j'avais déjà fait du théâtre avec André Voisin au Centre d'expression d'art dramatique à Casablanca où nous avons monté plusieurs pièces théâtrales de renommée», affirme M. Boccara qui crée et dirige le Groupe des Neuf avec lequel une quarantaine de créations ont vu le jour. «Nous avons constitué le Groupe des Neuf en
1970 avec lequel nous avons réalisé beaucoup de pièces théâtrales.

Puis, je me suis orienté vers les romans et les nouvelles». En effet, Henri-Michel Boccara publie un certain nombre de livres tout en exerçant son emploi principal qu'est la médecine.

«Ce métier m'a aussi aidé dans l'écriture des romans, parce qu'il est, lui-même, basé sur les rencontres avec d'autres individus, dont certains viennent d'ailleurs. J'ai énormément appris sur le vécu des personnes venant des montagnes environnantes. Leur espoir, leur douleur. Ce qui a nourri mon écriture».

Ouafaâ Bennani
LE MATIN