Culture & Divertissement: Mawazine s’achève sur une note dramatique

Posté par: Visiteursur 24-05-2009 21:18:46 1458 lectures Clôture dramatique

Véritable marathon musical, les neuf jours du festival de Rabat se sont malheureusement achevés samedi soir sur une note dramatique. 11 personnes ont trouvé la mort dans une bousculade sur la scène Hay Nahda où se produisait le chanteur Stati. Huit personnes sont dans un état critique. Les victimes ont été piégées dans un chemin exigu bordé d'un fossé. Le cordon de sécurité n’a pas résisté.


Selon la version officielle exposée aujourd’hui (dimanche 24) lors d’un point de presse du wali de Rabat, Mohammed Amrani, toutes les mesures de sécurité auraient été respectées et le drame se serait produit parce qu’une partie du public n’aurait pas emprunté l’une des neufs sorties aménagées à cet effet. Toutefois, selon des témoignages recueillis sur place, toutes les portes n’étaient pas fonctionnelles.


De nombreuses questions demeurent pour l'instant sans réponses. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la tragédie survenue vers minuit 15 minutes à l'issue du spectacle qui a accueilli 70000 spectateurs. Parmi les victimes, on déplore cinq femmes, quatre hommes et deux mineurs.

Neuf jours intenses

Steve Wonder, tête d’affiche de cette huitième édition de Mawazine, était attendu dans un quartier cossu de la capitale par une foule qui finalement a été assez peu réceptif au voyage sonore proposé par l’icône afro-américaine. Les festivaliers s’étaient rendus au dernier rendez-vous autour de la scène Soussi, celle-là même qui avait vu Kylie Minogue lancer les festivités vendredi 15 mai. 3 millions de personnes ont assisté à Mawazine selon les organisateurs.

Chaque soir, les neufs scènes de Mawazine ont accueilli des artistes qui lorsqu’ils n’étaient pas des grands noms de la variété internationale comme Alicia Keys, Kadem Saher, Sergio Mendes, Warda, Johnny Clegg, Najwa Karam ou en encore Ali Campbell (UB40), surprenaient par la qualité d’une musique venue d’ailleurs comme celle de Daniel Melingo, artificier d’un tango inspiré, de Buika belle rebelle africaine du flamenco, de la brésilienne Tania Maria ou la portugaise Messia.

Ceux qui désiraient pousser un peu plus l’aventure auditive ont même eu le privilège de découvrir des traditions du Tchad, d’Azerbaïdjan, du Pakistan ou encore d’Inde. Bref, ceux qui ont fréquenté Rabat cette semaine en sont indéniablement sorti plus riche, sans débourser grand-chose si ce n’est de l’énergie. La grande majorité des concerts était accessible gratuitement.

Dilemmes

Le seul dilemme est souvent survenu en élaborant son programme. Alors, direction le Mali magique d’Amadou et Myriam, la Serbie révoltée d’ Emir Kusturika et son No Smoking Orchestra ou l’Agérie sans soucis d’un Khaled ? Telle était la grande question de la soirée d’un samedi Mawazine.

Mais, on s’en doute, les grands succès populaires de Mawazine sont à mettre à l’actif de la scène arabe et régionale. Dans un remake du bon vacarme Bilal de l’année dernière, Khaled a confirmé la santé indétrônable du raï. Quant aux stars orientales comme Kadem, George Wassouf, Husseim El Jasim elles ont tenu leurs promesses.

La mention spéciale revient au châabi, qui a su chaque fois transmettre son inexplicable alchimie. Lors d’une soirée agitée, Daoudi et Daoudia ont même contraint Stati à se produire dans un espace plus important que la scène Moulay Hassan. Malheureusement le choix du stade sportif de Hay Nahda lieu de la tragédie n’aura pas été le bon.

Un chauffeur pour se rendre aux concerts

Enfin, en une semaine passée dans la capitale, comment ne pas remarquer l’exceptionnel soutien des pouvoirs publics dont bénéficie Mawazine – un journaliste de RFI habitué aux festivals s’étonne d’avoir à sa disposition un chauffeur pour regagner les sites- alors même que la plupart des projets culturels dans le pays fonctionne au système D.

Aussi attrayant soit-il, Mawazine donne aussi le désagréablement sentiment de forcer à coups de massues politiques, et peut être parfois inutilement, le destin d’un espace culturel qui pâti toujours d’un manque cruel de considération.

SaĂŻd RaĂŻssi
Menara