Culture & Divertissement: Entretien avec Nouzha Drissi, directrice du FIDA'DOC «Notre festival se base sur une approche éducative»

Posté par: Visiteursur 03-10-2010 22:35:27 2357 lectures C'est du 9 au 13 novembre que les visiteurs et les habitants d'Agadir pourront suivre la troisième édition du Festival international du documentaire.

Nous avons rencontré la directrice de cet évènement jeune par son âge mais grand par ses ambitions. Entretien.


LE MATIN : Au bout de trois ans d'existence, quel bilan dressez-vous actuellement ?

NOUZHA DRISSI : Un bilan mitigé. Bilan très positif quant à la reconnaissance professionnelle dont le festival bénéficie au Maroc et à l'étranger, positif aussi quant à la présence du public qui vient de plus en plus nombreux. Le festival bénéficie également d'une visibilité internationale qui lui donne une vraie notoriété, preuve en est les 509 films reçus dont plus de 400 inscrits sur le site web. Bilan plutôt négatif et décevant face au manque de financement. Je m'étonne d'un tel manque d'intérêt de la part des sponsors alors qu'il y'a un véritable intérêt signifié par la tutelle, à savoir le ministère de la Communication et le CCM, autant que par la ville, en l'occurrence la Commune urbaine d'Agadir qui tient véritablement à cet évènement et le soutient réellement, la Wilaya Ida Outanane qui le défend et le soutient également, ainsi que le CRT qui est très présent à travers l'AIHA.

La troisième édition, c'est pour bientôt. Il y aura des films mais aussi des activités parallèles. Parlez-nous-en un peu ?

Il s'agit d'une édition plus citoyenne, plus professionnelle et encore plus ouverte sur le monde. D'une part, une programmation spécifiquement destinée aux étudiants, (en partenariat avec l'Institut français d'Agadir), axée sur la production nationale marocaine et une sensibilisation aux "économies alternatives" avec des films évoquant les enjeux du développement durable notamment. D'autre part, une programmation ancrée dans la réalité sociale et économique du pays avec deux tables rondes. La première s'intéresse à cet énorme chantier lancé au Maroc et que sont les transports: "Urbanité-Transport et environnement" tandis que la seconde concerne "L'utilité du Documentaire", celle-ci invite des professionnels étrangers (France, Belgique, Espagne, Royaume-Uni) à échanger avec les professionnels marocains sur leurs expériences communes en matière de programmation TV, de coproduction internationale et de circulation des œuvres documentaires, mais aussi de formation en dialogue inter-culturel Sud-Nord. Par ailleurs, les séances scolaires destinées aux 8-12 ans sont reconduites ainsi que les projections en plein air en soirée dans différents quartiers de la ville et la région : le succès de ces programmations nous a amené à faire des choix encore plus ouverts sur le monde.

Quel est le rôle qu'a joué le Fida'Doc dans la promotion du genre du documentaire dans la région ainsi qu'au niveau national ?

Dans la région, plusieurs associations d'horizons divers demandent à animer leurs rencontres-débats avec des documentaires. La commune en partenariat avec l'ACEA (Association de culture et d'éducation par l'audiovisuel -organisatrice du FIDA DOC) organise des projections de films Documentaires dans les maisons de quartier : la présence du public démontre un réel intérêt au rapprochement et au dialogue qu'offre le Documentaire. Au niveau national, le dialogue avec TV2M a beaucoup avancé et s'est enrichi pour aboutir dans un avenir proche, à la création d'un département de production Documentaire ainsi qu'à la formation des réalisateurs.

Où en êtes-vous concernant les formations et les stages pour les jeunes étudiants en cinéma ?

C'est l'une des nouvelles directions que prend le festival, pour justement ancrer le documentaire dans l'industrie cinématographique du pays. Les ateliers-rencontres professionnels s'adressent cette année aux lauréats des écoles de cinéma, notamment l'ESAV, puisque le festival porte un intérêt particulier à ces professionnels en devenir. Il leur est offert de soumettre u projet et de se confronter à des professionnels de différents corps de métier (réalisateur, producteur, chargé de programme TV, directeur de festival) européens et marocains. Le meilleur projet de film Documentaire sera présenté à un ensemble de professionnels européens et marocains ainsi que les institutionnels marocains.

Quels sont vos projets ?

Il s'agit avant tout de pérenniser le FIDA DOC, de lui offrir les moyens nécessaires pour continuer de grandir et de s'adresser à tous les Marocains, de lui assurer une vraie place dans le paysage culturel du Maroc. Le FIDA DOC doit également pouvoir offrir un véritable dialogue Sud-Nord, et devenir ainsi une véritable plateforme d'échanges entre professionnels du Documentaire. Par ailleurs, je porte le désir, dans un souci de démocratisation et de décentralisation toujours (puisque le choix d'Agadir au départ répondait à ce critère), de créer le Festival international de Documentaires ambulant qui sillonnera différentes villes et régions pendant toute l'année et offrir ainsi plusieurs réalités du monde et créer un vrai moment d'échanges et de débats entre les citoyens marocains. Ce n'est pas un simple festival à découvrir sur un genre cinématographique à faire découvrir...
C'est une approche éducative, c'est donner l'opportunité à tous les Marocains d'avoir la meilleure traduction possible d'une ou de plusieurs réalités jusque-là ignorées ou simplement méconnues...

Un festival à succès

En plus de la sélection officielle (compétition internationale et programmes thématiques) et des projections en plein air dans différents quartiers de la ville d'Agadir, le public pourra se réjouir cette année d'une programmation spécifiquement destinée aux étudiants, axée sur la production nationale marocaine et une sensibilisation aux « économies alternatives » avec des films évoquant les enjeux du développement durable. Classé comme un des festivals marocains de première catégorie, le FIDADOC bénéficie également d'une véritable reconnaissance internationale de la part des manifestations les plus importantes consacrées au cinéma documentaire, telle que le Sunny Side of the Docs et le FID en France, l'IDFA à Amsterdam ou encore le DOX Box en Syrie, avec lesquels l'équipe du FIDADOC collabore tout au long de l'année.

LE MATIN