Culture & Divertissement: "La Mosquée" de Daoud Oulad Sayed , un film qui interpelle plus d'un sur la lecture des textes sacrés

Posté par: Visiteursur 07-10-2010 22:11:41 2006 lectures Le long métrage "La Mosquée" du réalisateur marocain Daoud Oulad Sayed a interpellé plus d'un, lors de sa projection en compétition officielle dans le cadre de la 25ème édition du festival international du film francophone de Namur (1-8 octobre).

Cette fiction montée à partir d'un fait réel survenu lors d'un précédent tournage, a attiré l'attention des professionnels et des spectateurs sur la technique utilisée, la démarche adoptée et la thématique choisie par le cinéaste marocain qui se démarque à chaque fois pour offrir à son public un réel plaisir.


Cette fois encore, Daoud Oulad Sayad persiste et signe. Il a fait de sa fiction un thème récurrent d'actualité, un reflet de l'interprétation diverse des textes sacrés, selon l'entendement de chacun, et un panorama magnifique du Maroc profond.

Le débat autour de son film a été fécond. La découverte des paysages mémorables et du quotidien des gens dans des terres reculées, fut pour le parterre des spectateurs européens une leçon de vie.

Faisant du cinéma une narration sociale ainsi qu'un voyage dans l'espace, Daoud Oulad Sayad , explique dans un entretien à la MAP, " qu'il s'agit d'un prétexte pour débattre de la problématique de l'interprétation que chacun fait des textes sacrés".

"La Mosquée", fait-il savoir, était un élément du décor de mon précédent film "En attendant Pasolini", qu'on a oublié de démolir à la fin du tournage.

Les gens du village avaient pensé qu'il s'agissait d'une vraie mosquée et en ont fait un lieu de culte posant ainsi un problème délicat au propriétaire du terrain" dit-il.

"Faut-il ou non démolir cette mosquée qui en fait n'en est pas une", questionne le cinéaste? D'où le débat ingénieusement provoqué, ajoute le cinéaste qui affirme que la démarche choisie est celle "de traiter les tabous avec subtilité et légèreté".

Le cinéma est, selon lui, "une narration suggestive qui laisse la porte ouverte aux lectures".

Ce film parodique laisse perplexe. Il dévoile l'absurdité du sens et la critique des modes de pensée à travers une oeuvre où l'image supplante le dialogue pour exprimer le non dit.

Et le réalisateur de souligner que son objectif n'est pas de traiter un sujet mais de trouver la manière de le faire, de ne pas utiliser un décor mais plutôt ses accessoires.

Chez lui, les dialogues sont rares et lorsqu'ils sont présents, décousus. Quant à la musique d'accompagnement, qui généralement meuble les scènes des films, elle est totalement absente.

Daoud Oulad Sayed a préféré ainsi fixer sa caméra sur des plans silencieux entrecoupés de chants mystiques a capella, des étendues désertiques infinies, des maisons en pisé...La simple vie des petites gens.

A cela, il répond: "Je filme les choses qui m'habitent, le milieu d'où je viens".

Le meilleur scénario, estime-t-il, est celui de "prendre un homme ordinaire auquel il arrive quelque chose d'extraordinaire ".

Tout est donc extraordinaire dans cette fiction où le suspense est dans l'attente du dénouement , où la marge du faux semblant s'estompe au profit de la réalité visuelle.
MAPF